De chair, de feu et de lumière

27 novembre 2020   •  
Écrit par Julien Hory
De chair, de feu et de lumière

Avec sa série Phœnix, le photographe Clément Marion offre un point de vue sensible sur le corps des grands brûlés. Un sujet qui questionne autant la représentation de soi que le regard de notre société.

« Quand est-ce que vous avez vu un grand brûlé pour la dernière fois ? Vous n’en avez pas vu ? C’est normal, ces gens-là se cachent. » C’est cette phrase qui a éveillé chez Clément Marion, un jeune photographe basé en région Toulousaine, la volonté de connaître et d’aider une cause particulière : les grands brûlés. Devenu essentiel de « donner à voir », il va alors s’interroger sur la différence, l’acceptation de soi et le regard des autres.

Pourtant, rien ne prédestinait Clément Marion à embrasser cette thématique. Des grands brûlés, il en avait vu peu, lui aussi. « L’un d’eux habitait mon village, confie-t-il, je ne connaissais pas vraiment son histoire. Il portait de grandes lunettes noires et, du haut de mes quatre ou cinq ans, j’étais un peu fasciné je crois. » C’est ainsi que le photographe a commencé à se documenter et prendre contact avec celles et ceux qui deviendront ses modèles.

Comme le ferait la peau

Au-delà des interrogations sociétales et philosophiques que pose la condition des grands brûlés, ce thème relève également pour Clément Marion d’un intérêt plastique certain. C’est pourquoi il a adapté sa technique : « J’ai décidé d’utiliser le collodion humide pour traiter ce sujet. Le parallèle entre cette texture et celle de la peau cicatrisée des grands brûlés était évident. En séchant, cette pellicule finit par se durcir, se rétracter et parfois se craqueler, comme le ferait la chair d’un grand brûlé ». De plus, comme il le précise, le collodion humide est principalement composé de deux produits (le collodion Cooper et le nitrate d’argent) qui, séparément, sont utilisés en médecine pour le traitement de la peau et la cicatrisation.

Aujourd’hui, tout en se consacrant à de nouvelles réalisations, il souhaite poursuivre la série Phœnix en se tournant vers de plus grands formats, et prépare des expositions autour de ce projet. S’il ne peut pas réparer les corps, il essaye de réparer les âmes. Et pour ne pas limiter son engagement à son seul travail d’artiste photographe, Clément Marion veut sortir ses modèles de leur cadre. « Avec une des amies qui a posé pour moi, explique-t-il, nous voulons éditer un recueil à but thérapeutique avec ses textes et mes photos. Ce petit livre sera distribué à des professionnels qui l’utiliseront comme support dans leurs démarches de soin ». Si vous désirez soutenir leur projet, vous pouvez le faire à travers une cagnotte Ulule ouverte jusqu’à mi-décembre.

© Clément Marion© Clément Marion
© Clément Marion© Clément Marion
© Clément Marion© Clément Marion

© Clément Marion

Explorez
Du silence aux images : le mentorat des Filles de la photo
© Claire Delfino
Du silence aux images : le mentorat des Filles de la photo
Quand la photographie devient le lieu d’un tissage mémoriel, politique et sensible, le mentorat des Filles de la Photo affirme toute sa...
12 août 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Les coups de cœur #554 : Katarina Marković et Marine Payré
© Katarina Marković
Les coups de cœur #554 : Katarina Marković et Marine Payré
Katarina Marković et Marine Payré, nos coups de cœur de la semaine, apprécient jouer avec le flou dans leurs portraits. La première les...
11 août 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Axelle Cassini : se rencontrer dans l'autre
Autoportrait © Axelle Cassini
Axelle Cassini : se rencontrer dans l’autre
Comment s’auto-représenter ? Quel lien entre image et identité ? Axelle Cassini, à travers son œuvre poétique et nuancée, explore ces...
08 août 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Aurélien Mathis : mythologies queers, format monumental
© Aurélien Mathis
Aurélien Mathis : mythologies queers, format monumental
Nourri d’iconographies religieuses, de peinture classique et de cinéma populaire, Aurélien Mathis compose des images hautement mises en...
07 août 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Nos derniers articles
Voir tous les articles
On Country :  entendre la terre
© TonyAlbert&David Charles Collins Brittany Malbunka Reid, Warakurna Superheroes #6 2017 Superheroes 2017. Courtesy and Sullivan + Strumpf.
On Country : entendre la terre
À Arles, On Country explore le lien vital entre terre, mémoire et futur. Cette plongée sensible dans la photographie australienne...
Il y a 5 heures   •  
Écrit par Fabrice Laroche
Fabiola Ferrero : des abeilles et des hommes
I Can’t Hear the Birds © Fabiola Ferrero
Fabiola Ferrero : des abeilles et des hommes
La photographe et journaliste Fabiola Ferrero retourne au Venezuela et ravive la mémoire collective de son pays qui entre 2014 et 2020 a...
Il y a 10 heures   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Sarah Moon, expérimentations et ville engloutie : dans la photothèque de Sophie Alyz
Un ou une artiste que tu admires par-dessus tout ? © Sophie Alyz
Sarah Moon, expérimentations et ville engloutie : dans la photothèque de Sophie Alyz
Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les artistes des pages de Fisheye reviennent sur les œuvres et les...
13 août 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Du silence aux images : le mentorat des Filles de la photo
© Claire Delfino
Du silence aux images : le mentorat des Filles de la photo
Quand la photographie devient le lieu d’un tissage mémoriel, politique et sensible, le mentorat des Filles de la Photo affirme toute sa...
12 août 2025   •  
Écrit par Costanza Spina