Les familles d’à côté

20 janvier 2021   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Les familles d’à côté

La Française Coralie Monnet a photographié, durant le premier confinement de 2020, des familles cloîtrées ensemble, à travers leurs fenêtres. Une œuvre humaniste, invitant le regardeur à retrouver son insouciance.

À quoi ressemble la vie de famille lorsqu’on est enfermés ensemble ? Et qu’est-ce qui constitue une famille ? Pour la photographie Coralie Monnet, il n’existe pas de définition propre à ce terme, mais une multitude d’instants spontanés, éphémères qui fusionnent et composent une image vouée à évoluer indéfiniment. Âgé de 30 ans, l’artiste nantaise habite aujourd’hui à Manchester. Après un CAP petit enfance et un premier emploi en tant qu’ATSEM en école maternelle, elle se tourne vers des études d’arts plastiques et découvre la photographie. « Mon travail est axé sur la narration, utilisant un style documentaire, humaniste et poétique pour capturer les relations et connexions uniques entre les personnes que je photographie », explique-t-elle.

C’est dans la ville du nord-ouest de l’Angleterre qu’elle vit son premier confinement. Une quarantaine qui la pousse à imaginer une autre manière de dialoguer avec ses modèles, une façon inédite de partager ses histoires. « J’avais le droit de sortir pour faire de l’exercice une fois par jour. J’ai donc décidé d’utiliser ce temps pour aller photographier des familles, vivant à dix minutes de chez moi, à pied ou à vélo, à travers les fenêtres de leur logement », précise-t-elle.

© Coralie Monnet

La grâce de ce qu’il nous reste

Vingt familles acceptent de se prêter à l’exercice. Après avoir répondu à un questionnaire, elles partagent avec la photographe des instants intimes de leur routine. Une plongée dans un quotidien étrange, hors du temps. Croisant images et témoignages, Through the window – families at home livre une vision chaleureuse du confinement, loin de l’anxiété ambiante bien connue de tous. En utilisant le motif de la fenêtre comme fil rouge de son récit, Coralie Monnet construit une bulle rassurante autour de ses modèles, un havre de paix d’où émergent rires, douceur et complicité. Si la démarche de la photographe convoque un certain voyeurisme, telle n’est pas sa volonté. « Je cherchais plutôt à représenter des familles comme vivant dans une bulle, dans laquelle le contact physique avec le monde extérieur est presque interdit », confie-t-elle.

Il y a, dans les images de l’artiste, une aura proche de celle de Sally Mann, qui, comme elle, fait dialoguer l’innocence de l’enfance et la pesanteur des émotions. Dans une époque dystopique, où la crise sanitaire supprime peu à peu nos libertés, où le contact à l’autre est devenu un rêve lointain que l’on se plaît à réimaginer, Coralie Monnet parvient à saisir la grâce de ce qu’il nous reste, l’importance des échanges, de l’amour qui unit une famille.

© Coralie Monnet© Coralie Monnet

 

© Coralie Monnet

 

© Coralie Monnet© Coralie Monnet

© Coralie Monnet

 

© Coralie Monnet

 

© Coralie Monnet

 

© Coralie Monnet© Coralie Monnet

 

© Coralie Monnet

© Coralie Monnet

Explorez
Mirko Ostuni : une adolescence dans les Pouilles
© Mirko Ostuni, Onde Sommerse.
Mirko Ostuni : une adolescence dans les Pouilles
Dans Onde Sommerse, Mirko Ostuni dresse le portrait de sa propre génération se mouvant au cœur des Pouilles. Cette jeunesse tendre et...
20 décembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Ces séries photographiques qui cherchent à guérir les blessures
© Maurine Tric
Ces séries photographiques qui cherchent à guérir les blessures
Pour certain·es artistes, la photographie a un pouvoir cathartique ou une fonction guérisseuse. Iels s'en emparent pour panser les plaies...
19 décembre 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Les coups de cœur #523 : Claudia Revidat et Sarah Carrier
© Claudia Revidat
Les coups de cœur #523 : Claudia Revidat et Sarah Carrier
Les sujets de Claudia Revidat et Sarah Carrier, nos coups de cœur de la semaine, se révèlent dans des teintes chaudes. La première...
16 décembre 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nicolas Serve : en cure et à cri
© Nicolas Serve
Nicolas Serve : en cure et à cri
Dans Les Abîmés, Nicolas Serve poursuit son travail sur la dépendance à certaines substances. Ici, il raconte la cure de désintoxication...
12 décembre 2024   •  
Écrit par Gwénaëlle Fliti
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Susan Meiselas reçoit le prix Outstanding Contribution to Photography
© Susan Meiselas
Susan Meiselas reçoit le prix Outstanding Contribution to Photography
Le Sony World Photography Awards a remis à Susan Meiselas le prix Outstanding Contribution to Photography pour sa contribution...
Il y a 1 heure   •  
Écrit par Costanza Spina
La sélection Instagram #486 : lumières de Noël
© lepgiu22 / Instagram
La sélection Instagram #486 : lumières de Noël
Guirlandes lumineuses, sapins enchantés, poudreuse immaculée et papier cadeau... Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine...
Il y a 6 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #524 : Jan Makowski et Mathilde Cybulski
À nos balades écarlates © Mathilde Cybulski
Les coups de cœur #524 : Jan Makowski et Mathilde Cybulski
Jan Makowski et Mathilde Cybulski, nos coups de cœur de la semaine, nous emmènent sur le chemin des émotions. Tandis que le premier...
23 décembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Les images de la semaine du 16.12.24 au 22.12.24 : une multitude de dialogues
© Rebecca Najdowski
Les images de la semaine du 16.12.24 au 22.12.24 : une multitude de dialogues
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye dévoilent une multitude de dialogues initiés par la photographie.
22 décembre 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet