Le 13 juin sort dans les salles françaises Trois Jours à Quiberon, film réalisé par Emily Atef autour d’une interview exceptionnelle donnée par Romy Schneider au magazine allemand Stern, en 1981. Un film en noir et blanc à la photographie délicate.
1981. Alors que Romy Schneider est en cure à Quiberon, elle accepte de rencontrer le journaliste Michael Jürgs et le photographe Robert Lebeck pour une interview exceptionnelle, à paraître dans le magazine Stern. Manipulée par un reporter plus soucieux de produire un article à succès que de son bien-être, l’actrice se livre sur sa vie privée, et met en lumière ses souffrances, ses relations conflictuelles avec sa famille, et sa réputation en déclin. Dans un huis clos émouvant, Trois Jours à Quiberon nous plonge dans le quotidien de l’actrice, peu avant sa mort, en 1982. Un quotidien documenté avec attention par la réalisatrice franco-iranienne Emily Atef, et porté à l’écran avec brio par Marie Bäumer, jouant Schneider. L’actrice y est spectaculaire, tant par sa ressemblance avec la star que par sa performance. Sublimée par la caméra, elle incarne à la perfection l’icône Romy.
Mise en abyme photographique
C’est d’ailleurs autour de Marie que se construit le film. Sa Romy est au cœur de chaque image et porte le récit entier sur ses épaules. Elle séduit la réalisatrice, qui pense chaque plan comme une photographie et compose avec adresse l’histoire de ces trois jours, dans un noir et blanc de circonstance. Mais elle charme également le photographe Robert Lebeck, incarné par Charly Hübner, amoureux de la belle. Celui-ci rythme chaque scène de clic et de flash, et donne à la photographie une place à la fois extra et intra diégétique. Le photographe incarne d’ailleurs un personnage complexe, plus ambigu que son collègue journaliste. C’est une figure importante, un pilier, qui apaise Romy lors des différentes interviews. Il est à la fois l’homme et son boitier, humain quand il le doit, et témoin de chaque instant. L’objectif à la main, il documente le combat de l’actrice, en proie à ses démons, jusqu’à son émancipation, tandis qu’elle revient à Paris. En lui donnant un rôle si important, Atef rend hommage à la photographie. Cette dernière encadre la narration, et guide sa caméra, jusqu’à la dernière scène du film, figée par un clic final.
© Emily Atef