Amour et pudeur : les portraits intimistes d’Emmanuelle

25 avril 2018   •  
Écrit par Anaïs Viand
Amour et pudeur : les portraits intimistes d’Emmanuelle

Dans le cadre des Rencontres de la jeune photographie internationale, à Niort, nous avons rencontré Emmanuelle Brisson qui expose, au coeur de l’espace d’arts visuels Le Pilori, son travail Les profondeurs du coeur. Un récit familial aussi tendre que poignant.

À Niort, au sein de l’espace Le Pilori, les images d’Emmanuelle Brisson – lauréate de la Quinzaine photo de Nantes et de la Bourse du Talent en 2017 (catégorie portrait) – accrochent notre regard. Face à nous, de poignants portraits d’Andrée, sa mère. « Andrée a 89 ans. Encore debout. Si petite, si mince, si fragile, mais debout. Elle en a bavé, Andrée. Elle a connu la guerre, l’occupation. Elle a vu mourir sa famille. La maladie, la vieillesse. Ils ne sont plus là. Et puis les amours qui s’éloignent. Qui parfois reviennent, ou pas », raconte Emmanuelle qui a dû s’adapter à son modèle. « Elle ne m’accordait que très peu de temps, à son âge, elle fatiguait vite », précise la photographe. En 2016 et pendant deux ans, elle imagine des mises en scène singulières et poétiques, une démarche indispensable dans sa pratique « obsessionnelle » de la photo, « il fallait que je maîtrise l’image dans son intégralité, confie Emmanuelle, et puis, la plupart du temps les images apparaissaient dans mon imaginaire avant d’exister, vraiment. »  Hommage ou preuve d’amour ? Difficile de trancher pour la photographe exigeante, qui a veillé, durant tout ce travail, à rester détachée de l’affect, « je ne pouvais me permettre un quelconque écart affectif », raconte-t-elle. Et puis, Andrée demeure une femme très pudique. « Ce serait très beau si ce n’était pas moi », a d’ailleurs commenté la femme devant les clichés de sa fille.

La photographie, une histoire d’héritage

Un récit familial qui a commencé avec son père et ses images des années 1950-60, venues d’Afrique. Dans une pièce dédiée, Emmanuelle présente des photographies de « cet absent magnifique ». Si Emmanuelle a perdu son père à l’âge de 11 ans, elle a conservé quelques archives d’une période de sa vie dont elle ne connaît rien. C’est en tant que photographe qu’elle a décidé de déterrer ces trésors du passé. Une re-connexion filiale sur mesure. Le spectateur peut, entre autres, apercevoir un voile de 2 x 3 mètres. « Il s’agit d’une photo de mon père prise en Afrique dans les années 19060. Je l’ai agrandie et imprimée sur un voile. Je l’ai ensuite installée dans la cité où nous avons vécu », explique Emanuelle. Un moyen de faire « revivre son souvenir ». Ce joli travail fait suite à sa série Double Je exposée à la Villa Pérochon en 2012, un chapitre où elle questionnait déjà son identité.

© Emmanuelle Brisson© Emmanuelle Brisson

© Emmanuelle Brisson

© Emmanuelle Brisson

© Emmanuelle Brisson

© Emmanuelle Brisson

© Emmanuelle Brisson
© Emmanuelle Brisson

© Emmanuelle Brisson

© Emmanuelle Brisson

Explorez
Flore Prébay : De deuil et de papier
Iceberg, de la série Deuil blanc © Flore Prébay
Flore Prébay : De deuil et de papier
Du 16 octobre au 30 novembre 2025, la Fisheye Gallery présente Deuil blanc, de Flore Prébay, dans le cadre des Rencontres photographiques...
09 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Polaraki : une collection de polaroids d'Araki sort d'un appartement parisien
Sans titre, Araki Nobuyoshi 1990 -2024 © Nobuyoshi Araki © Musée Guimet, Paris, Nicolas Fussler
Polaraki : une collection de polaroids d’Araki sort d’un appartement parisien
Jusqu'au 12 janvier 2026, le musée des arts asiatiques - Guimet accueille une collection foisonnant de polaroids, issue de l’œuvre du...
06 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #561 : Julie Brochard et Anna Prudhomme
© Anna Prudhomme
Les coups de cœur #561 : Julie Brochard et Anna Prudhomme
Julie Brochard et Anna Prudhomme, nos coups de cœur de la semaine, ont puisé l’inspiration dans la maison de leurs grands-parents. La...
06 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Grace Land : Nick Prideaux transcrit son expérience de la perte
© Nick Prideaux
Grace Land : Nick Prideaux transcrit son expérience de la perte
Dans le cadre d’une résidence artistique à la Maison de la Chapelle, au cœur de la Provence, Nick Prideaux a imaginé Grace Land. À...
04 octobre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Jeu de Paume : Luc Delahaye, le monde en suspens
© Luc Delahaye
Jeu de Paume : Luc Delahaye, le monde en suspens
Luc Delahaye, ancien grand reporter devenu artiste, transforme le regard documentaire en une méditation silencieuse sur le monde. De ses...
Il y a 5 heures   •  
Écrit par Costanza Spina
Voyage au centre de la terre brésilienne
Périphérie de São Paulo, 2020 @Vincent Catala
Voyage au centre de la terre brésilienne
Comment représenter un pays de façon juste et nuancée, loin des clichés véhiculés autour de ce dernier ? L’impressionnant Île-Brésil de...
10 octobre 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Prix Photographie & Sciences : Julien Lombardi et Richard Pak exposent à la Villa Pérochon
Inframundo, de la série Planeta, 2024 © Julien Lombardi
Prix Photographie & Sciences : Julien Lombardi et Richard Pak exposent à la Villa Pérochon
Du 11 octobre 2025 au 21 février 2026, la Villa Pérochon devient théâtre de sciences, présentant les travaux de Julien Lombardi, lauréat...
10 octobre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
15 séries qui célèbrent l'automne
15 séries qui célèbrent l’automne
Le soleil se fait de plus en plus discret, les feuilles commencent doucement à changer de couleur, quitter sa couette le matin se fait de...
09 octobre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine