Invasion écologique

29 mars 2018   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Invasion écologique

Actuellement exposée au Festival Circulation(s), la photographe María Moldes met son imagination au service de ses clichés. C’est de façon décalée qu’elle aborde l’écologie, si bien que sa série Bloop semble tout droit venue d’un film de science-fiction.

Les photographies de María Moldes illustrent sa propre vision du monde. Derrière chaque image se cache le même récit : celui de la société dans laquelle elle vit. Sa beauté, ses travers et ses aspirations. Lorsque le monde ne l’inspire pas, María invite l’imaginaire dans ses clichés, comme pour se réconcilier avec un réel insatisfaisant. « Nous vivons dans une époque qui ne me fait pas rêver, confie-t-elle.  J’ajoute à mes photos une dose d’ironie et de surréalisme, pour échapper à la grisaille de la vérité. »

Les clichés hauts en couleur de Bloop traitent ainsi, d’une autre manière, les problèmes liés à la pollution. « J’aborde dans mon travail les sujets qui me tiennent à cœur, et dont il est souvent difficile de parler , explique la photographe. Il s’agit ici de la contamination d’un village d’Espagne, célèbre pour ses lagons salés, un paradis sur terre, prisé par des centaines de personnes. » Cependant, le surdéveloppement et les déchets agricoles dérèglent son écosystème fragile et le détruisent lentement. Un avenir sombre poussé à l’absurde par les images de María, où hommes et déchets s’immergent dans des eaux rose bonbon.

Un décor de science-fiction

Pourtant, si les couleurs semblent artificielles, elles ne sont pas éditées. « Je recherche cette confusion », révèle l’artiste. « Ces couleurs qui paraissent irréelles me permettent de captiver mon public, et de l’emmener où je le souhaite : entre la réalité et la fiction ». Bloop, avec sa palette vive et ses personnages recouverts d’une substance noire évoquent les comics, jusqu’au nom de la série, une onomatopée, popularisée notamment par ces bandes dessinées. Ce sont des éléments  chers au médium et au cinéma de science-fiction des années 1950, qui influencent la photographe. « J’ai essayé de transformer la réalité de cet endroit en un décor de cinéma », confie-t-elle. Dans cet univers aux tons étranges, les hommes s’aliènent, et deviennent des créatures prêtes à envahir la terre. Les invasions extraterrestres peuplaient les écrans de cinéma du siècle dernier, et remplissaient ses salles, alors fascinées par cette menace contre l’humanité. En installant l’absurde dans ses photographies, María s’amuse de cette mode futuriste, et transforme l’homme en son propre destructeur, réduisant en poussière son territoire à l’aide d’un terrible fléau : la pollution.

© María Moldes

© María Moldes

© María Moldes

© María Moldes© María Moldes

 

© María Moldes© María Moldes
© María Moldes© María Moldes
© María Moldes

© María Moldes

 

© María Moldes

Explorez
Dans l’œil d’Aletheia Casey : le rouge de la colère et du feu
© Aletheia Casey
Dans l’œil d’Aletheia Casey : le rouge de la colère et du feu
Cette semaine, nous vous plongeons dans l’œil d’Aletheia Casey, dont nous vous avons déjà parlé il y a quelques mois. Pour Fisheye, elle...
28 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les images de la semaine du 21 avril 2025 : la Terre à l’honneur
© Thomas Amen
Les images de la semaine du 21 avril 2025 : la Terre à l’honneur
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye célèbrent la Terre. Dans des approches disparates, les photographes évoquent...
27 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Rephotographier les monts Uinta pour montrer que le changement climatique s’accélère
© William Henry Jackson, 1870 et Joanna Corimanya, Anahi Quezada, et Town Peterson, 2024.
Rephotographier les monts Uinta pour montrer que le changement climatique s’accélère
En septembre 2024, le géologue Jeff Munroe et l’écologiste Joanna Corimanya entreprenaient un trek de 50 kilomètres dans la toundra des...
23 avril 2025   •  
Écrit par Thomas Andrei
Les photographes dans Fisheye célèbrent la Terre, sa fragilité et sa grandeur
Camsuza © Julie Arnoux
Les photographes dans Fisheye célèbrent la Terre, sa fragilité et sa grandeur
Les photographes publié·es sur Fisheye ne cessent de raconter, par le biais des images, les préoccupations de notre époque. À...
22 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les coups de cœur #542 : Roxane Cassehgari et Kinu Kamura
Me Myself and I © Kinu Kamura
Les coups de cœur #542 : Roxane Cassehgari et Kinu Kamura
Roxane Cassehgari et Kinu Kamura, nos coups de cœur de la semaine, explorent leurs identités multiples et les mémoires de leurs familles....
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Les images de la semaine du 28 avril 2025 : rétrospective d’avril
© Sander Coers
Les images de la semaine du 28 avril 2025 : rétrospective d’avril
C’est l’heure du récap ! De nombreux rendez-vous ont rythmé les publications de cette semaine. Les coups de cœur du mois, un nouvel...
04 mai 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les Rencontres de Niort : la nuit en ébullition des artistes en résidence
Les ballades du corail © Joan Alvado
Les Rencontres de Niort : la nuit en ébullition des artistes en résidence
Depuis 1994, Les Rencontres de la jeune photographie internationale de Niort poursuivent leur volonté d’être un incubateur de création...
03 mai 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Simen Lambrecht donne vie à la mort
© Simen Lambrecht
Simen Lambrecht donne vie à la mort
À travers un livre en devenir, le photographe flamand Simen Lambrecht, désormais installé à Berlin, fait perdurer la mémoire de sa...
02 mai 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas