Festival d’Arles, la culture des Rencontres

18 juillet 2019   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Festival d'Arles, la culture des Rencontres

À l’occasion du 50e anniversaire des Rencontres de la photographie d’Arles, Fisheye a recueilli les propos d’Agnès de Gouvion Saint-Cyr. Entrée comme « petite main » du festival en 1970, elle en deviendra la directrice artistique 20 plus tard.

Fisheye : Depuis quand participez-vous aux Rencontres d’Arles?

Agnès de Gouvion Saint-Cyr : J’étais là dès la première année, en 1970. À l’époque, je terminais mes études de danois et d’histoire de la danse. Je travaillais dans une librairie parisienne pendant mes vacances quand j’ai rencontré Lucien Clergue, qui avait déjà exposé dans ce lieu. Il cherchait une « petite main » qui parlait plusieurs langues et qui pourrait l’aider bénévolement à une manifestation qu’il allait organiser quelques mois plus tard.

Quels étaient vos rapports à la photographie à cette époque?

Je n’avais pas de connaissance photo, sauf la photographie anglaise du XIX e siècle, que j’avais étudiée à la Sorbonne et à Cambridge. À cette époque, il y avait très peu de livres photo ! J’ai travaillé aux Rencontres jusqu’à ce que le ministère de la Culture me demande un rapport sur l’édition en photographie, en 1973. La personne qui m’a appris mon métier dans le domaine des expositions et de l’organisation, c’est Jean-Maurice Rouquette [conservateur, historien et fondateur des Rencontres d’Arles, ndlr], à qui je dois tout ou presque.

Je me souviens qu’il me disait avec son accent : « Il ne faut pas faire de trou de gruyère dans les monuments historiques. » J’étais donc une « petite main » qui s’occupait de la logistique, de l’accueil des personnalités étrangères pour lesquelles j’assurais l’interprétation, et de mille autres choses. Mais les Rencontres, c’était pour les vacances, le reste du temps j’enseignais les langues, et c’est en 1976 que j’ai été rattachée au ministère de la Culture.

© Véronique Vercheval

© Véronique Vercheval

Un peu plus tard, en 1990, vous avez dirigé les Rencontres…

Cette année-là était particulière, les Rencontres étaient au bord du déficit. Claude Hudelot [le directeur des deux éditions précédentes] avait laissé l’association dans un état économique épouvantable, et personne ne savait quoi faire. Après une discussion entre le maire, Lucien Clergue et le ministre de l’époque, Jack Lang, il a été décidé que je m’y colle. J’ai continué de travailler pour le ministère tout en assurant cette tâche de récupérer de l’argent. Bien entendu, je faisais ça bénévolement : je n’ai jamais reçu un centime des Rencontres !

La décision a été prise au printemps, et il fallait que je monte le programme en trois mois. L’avantage que j’avais, c’est que je connaissais des gens dans le domaine de la photographie et que je pouvais appeler un certain nombre de photographes, de musées… J’avais décidé de travailler sur l’Europe de l’Est/l’Europe de l’Ouest [le mur de Berlin était tombé en novembre 1989], et je connaissais les conservateurs des musées russes, autrichiens, estoniens… donc j’ai travaillé avec eux. À Berlin, le musée était traversé par le mur, et j’entendais les coups de pioches. Puis j’ai obtenu un peu d’argent de la part d’industriels pour passer quelques commandes, dont une à Raymond Depardon sur une traversée de l’Europe de l’Est.

Cet entretien est à retrouver en intégralité dans le hors-série #6 : Arles, 50ans de Rencontres.© Joël Meyerowitz

© Joël Meyerowitz

Explorez
Les images de la semaine du 16.12.24 au 22.12.24 : une multitude de dialogues
© Rebecca Najdowski
Les images de la semaine du 16.12.24 au 22.12.24 : une multitude de dialogues
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye dévoilent une multitude de dialogues initiés par la photographie.
22 décembre 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
The Color of Money and Trees: portraits de l'Amérique désaxée
©Tony Dočekal. Chad on Skid Row
The Color of Money and Trees: portraits de l’Amérique désaxée
Livre magistral de Tony Dočekal, The Color of Money and Trees aborde les marginalités américaines. Entre le Minnesota et la Californie...
21 décembre 2024   •  
Écrit par Hugo Mangin
Paysages mouvants : la jeune création investit le Jeu de Paume
© Prune Phi
Paysages mouvants : la jeune création investit le Jeu de Paume
Du 7 février au 23 mars 2025, le Jeu de Paume accueille le festival Paysages mouvants, un temps de réflexion et de découverte dédié à la...
20 décembre 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
La BnF célèbre les prix photographiques !
© Karla Hiraldo Voleau, Série « Doble Moral », 2023 / La Bourse du Talent, 2024.
La BnF célèbre les prix photographiques !
À la Bibliothèque nationale de France, quatre grands prix photographiques se réunissent pour la 4e édition de l’exposition La...
17 décembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les images de la semaine du 16.12.24 au 22.12.24 : une multitude de dialogues
© Rebecca Najdowski
Les images de la semaine du 16.12.24 au 22.12.24 : une multitude de dialogues
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye dévoilent une multitude de dialogues initiés par la photographie.
22 décembre 2024   •  
Écrit par Apolline Coëffet
The Color of Money and Trees: portraits de l'Amérique désaxée
©Tony Dočekal. Chad on Skid Row
The Color of Money and Trees: portraits de l’Amérique désaxée
Livre magistral de Tony Dočekal, The Color of Money and Trees aborde les marginalités américaines. Entre le Minnesota et la Californie...
21 décembre 2024   •  
Écrit par Hugo Mangin
Paysages mouvants : la jeune création investit le Jeu de Paume
© Prune Phi
Paysages mouvants : la jeune création investit le Jeu de Paume
Du 7 février au 23 mars 2025, le Jeu de Paume accueille le festival Paysages mouvants, un temps de réflexion et de découverte dédié à la...
20 décembre 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Mirko Ostuni : une adolescence dans les Pouilles
© Mirko Ostuni, Onde Sommerse.
Mirko Ostuni : une adolescence dans les Pouilles
Dans Onde Sommerse, Mirko Ostuni dresse le portrait de sa propre génération se mouvant au cœur des Pouilles. Cette jeunesse tendre et...
20 décembre 2024   •  
Écrit par Marie Baranger