Les coups de cœur #308

28 septembre 2020   •  
Écrit par Anaïs Viand
Les coups de cœur #308

Le lien entre nos deux photographes coups de cœur de la semaine ? La pandémie de Covid-19. Sandra Guldemann Duchatellier témoigne de la gestion de la crise en Suisse tandis que Morgan Roué documente le sujet, depuis l’intérieur.

Sandra Guldemann Duchatellier

Après avoir quitté la France en 1997, et avoir vécu en Italie, à Singapour et au Japon, Sandra Guldemann Duchatellier s’est installée en Suisse en janvier 2018. « Ce parcours enrichissant, mais bousculé m’a demandé de grandes capacités d’adaptation et m’a poussé à réinventer ma vie plusieurs fois. En 2014, j’ai commencé à illustrer les émotions que je ressentais en capturant des images dans les rues. Je développe une approche à la fois rigoureuse et poétique, et j’essaye de rendre visible ce que les autres ne voient pas », explique l’artiste. Sa série Distance est née à la suite de la pandémie. « À la différence de nombreux pays en Europe, lors de la première vague du Covid-19, la Suisse a choisi un confinement « souple » faisant appel à la responsabilité civique. Cela m’a permis, tout en restant dans un périmètre assez limité autour de chez moi, de sortir et de témoigner de l’environnement dans lequel nous avons vécu ces semaines de printemps particulièrement clément. La vie a effectivement continué, mais elle est devenu solitaire, et distanciée. Le monde a manqué d’oxygène, et cela s’est vu. Le choix de la saturation des images présentées renforce cette sensation », confie la photographe.

© Sandra Guldemann Duchatellier© Sandra Guldemann Duchatellier

© Sandra Guldemann Duchatellier© Sandra Guldemann Duchatellier

© Sandra Guldemann Duchatellier

Morgan Roué

Sur son temps libre, Morgan Roué, médecin anesthésiste-réanimateur de 31 ans travaillant à l’hôpital Bichat-Claude Bernard dans le nord de Paris, pratique la photographie argentique. « J’ai toujours été frappé par la photogénie hospitalière et notamment celle du bloc opératoire, pour sa lumière unique entre autres. Pourtant, avant la vague épidémique, peu de photographes semblaient s’intéresser au monde hospitalier ». Sa série Du cœur à l’ouvrage, murie depuis 3 ans, a été réalisée au sein de la section anesthésie et réanimation de chirurgie cardiaque – « une spécialité visuellement élégante ». « L’idée était de rapporter le quotidien des soignants, tout corps de métier confondu, sans artifice, sans maquillage, en lumière naturelle. Je voulais un rendu sincère et intemporel. Pour autant, même si les photos ont été prises sur le vif, je ne voulais pas non plus verser totalement dans le photoreportage. J’ai donc essayé d’allier ces prises de vues spontanées avec un rendu esthétique naturel pour partager ma vision du milieu hospitalier. Dans ce contexte, le choix de l’argentique était évident. Même si la série a été réalisée pendant la période d’épidémie de Covid-19 avec des soignants masqués, le but n’était pas de couvrir l’épidémie. » Un témoignage poignant, mais non larmoyant d’un photographe qui a vécu la crise sanitaire depuis l’intérieur. « Bichat est l’un des centres de référence Covid-19, nous étions donc en première ligne pendant la 1ère vague de l’épidémie. Tous les matins nous allions travailler comme n’importe quel jour à ceci près que les rues étaient désertes, tout comme le métro. À l’hôpital il y a eu une cohésion formidable entre les équipes. Des soignants extérieurs sont spontanément venus aider. En dehors, nous avons aussi été agréablement surpris par la générosité spontanée des entreprises et restaurateurs alentour. Tous ces gestes bienveillants nous ont fait oublier la situation alarmante et les comportements peu citoyens de certains », confie l’artiste.

© Morgan Roué© Morgan Roué
© Morgan Roué© Morgan Roué

© Morgan Roué

© Morgan Roué

Image d’ouverture © Morgan Roué

Explorez
Christophe Berlet, la boxe Thaï dans la peau
© Christophe Berlet
Christophe Berlet, la boxe Thaï dans la peau
« Quand j’étais petit, ma mère m’a interdit de faire de la boxe Thaï. Elle disait que dans son pays, c’était pour les mauvais garçons. »...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Agathe Kalfas
Au Musée de la Femme, la photographie déploie son langage universel
© Camelia Shahat
Au Musée de la Femme, la photographie déploie son langage universel
Jusqu'au 31 octobre 2024, le Musée de la Femme de Marrakech accueille Photographie : le langage universel, une exposition imaginée avec...
02 mai 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Focus #72 : Mohamed Bourouissa esquisse les lignes de force d’une révolte
05:07
© Fisheye Magazine
Focus #72 : Mohamed Bourouissa esquisse les lignes de force d’une révolte
C’est l’heure du rendez-vous Focus ! Ce mois-ci, et en l’honneur de Signal, sa rétrospective, accueillie jusqu’au 30 juin 2024 au Palais...
01 mai 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
XXH 15 ans questionne la société de l’excès
© Andres Serrano
XXH 15 ans questionne la société de l’excès
Jusqu’au 29 juin 2024, la Fondation Francès célèbre ses 15 ans à travers l’exposition XXH 15 ans - Temps 1. Par les œuvres des artistes...
01 mai 2024   •  
Écrit par Costanza Spina
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Christophe Berlet, la boxe Thaï dans la peau
© Christophe Berlet
Christophe Berlet, la boxe Thaï dans la peau
« Quand j’étais petit, ma mère m’a interdit de faire de la boxe Thaï. Elle disait que dans son pays, c’était pour les mauvais garçons. »...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Agathe Kalfas
Ces séries de photographies réalisées au flash
© Nicolas Hrycaj
Ces séries de photographies réalisées au flash
En ce milieu de printemps, à mesure que les nuits s’écourtent, les flashs des appareils photo se multiplient pour immortaliser la douceur...
02 mai 2024   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Au Musée de la Femme, la photographie déploie son langage universel
© Camelia Shahat
Au Musée de la Femme, la photographie déploie son langage universel
Jusqu'au 31 octobre 2024, le Musée de la Femme de Marrakech accueille Photographie : le langage universel, une exposition imaginée avec...
02 mai 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Flower Rock : Ana Núñez Rodriguez verse des larmes d’émeraude
© Ana Núñez Rodríguez
Flower Rock : Ana Núñez Rodriguez verse des larmes d’émeraude
Aujourd’hui encore, l’extraction de cette pierre charrie de nombreuses croyances et légendes. C’est ce qui a captivé Ana Núñez Rodríguez...
02 mai 2024   •  
Écrit par Cassandre Thomas