Le voyage, le flou et la végétation urbaine. Tels sont les sujets abordés par nos deux photographes coups de cœur de cette semaine : David Quesada et Anne-Claire Vimal du Monteil.
David Quesada
« Un photographe voyageur ». C’est ainsi que se décrit David Quesada, un artiste né à Barcelone. S’il a démarré sa carrière en tant que graphiste, il est aujourd’hui à la recherche de « nouvelles voies et visions avec le 8e art ». Son leitmotiv ? La beauté dans la simplicité. Établi au Chili, il continue à profiter du voyage, quelles que soient les restrictions. Les images qu’il nous propose ici ont été réalisées lors d’un voyage entre la Biélorussie et l’Ukraine. « Une observation des campagnes au regard des révolutions politiques », commente le photographe. « Quand je suis arrivé à Minsk, en Biélorussie, en juillet dernier, il n’y avait pas de Covid, pas de confinement. Les gens se retrouvaient pour faire la fête dans la rue. Ils s’amusaient jusqu’au moment où la révolution est arrivée. En Ukraine, il y avait des restrictions, mais pas aussi strictes qu’en Europe centrale », se souvient-il. « En traversant l’Orient, j’ai songé à la manière dont mes pieds s’alourdissaient pour ralentir la mort. Ils ont appelé cela la distance sociale ? Je suppose que ces photos parlent de cette distance. De celle qui persiste, qui est admirée et détestée ». Et quand la proximité surgit, même si c’est pour un court instant, elle devient enviée par ceux qui savent encore l’observer.
© David Quesada
Anne-Claire Vimal du Monteil
Parisienne d’origine, montréalaise d’adoption, Anne-Claire Vimal du Monteil est diplômée en Audiovisuel et en Histoire de l’Art. « Depuis 2016, je développe la partie artistique de mon travail photographique », confie l’artiste. Au cœur de sa démarche, deux sujets récurrents : le flou et la végétation urbaine. « Lorsqu’un reflet apparait, lorsqu’une matière déformante ou transparente s’immisce entre mon sujet et moi, j’éprouve une immense satisfaction à la vue de la nouvelle apparence. Quelque chose d’autre que la vision tangible et rationnelle de la réalité s’offre alors à moi. J’aime sa douceur, sa poésie, son ouverture, la liberté qu’il donne à celui qui regarde et interprète. Ma démarche s’inscrit dans la lignée pictorialiste et impressionniste. Ici la sensation et l’émotion priment sur la représentation précise du sujet », explique-t-elle. Concernant son autre thème de prédilection, la citadine amoureuse de la nature déclare : « Cela m’a permis de m’interroger sur le rapport que la société moderne occidentale a depuis longtemps établi avec la nature. La manifestation d’une ambivalence domination/amour apparait dans les villes majoritairement sous forme de parterres sur les trottoirs, de petits jardins ou de parcs. La nature y est contrôlée et sculptée par l’humain pour son agrément et son bien-être. Comment grâce à la connaissance des fonctionnements du végétal pourrions-nous faire évoluer notre anthropocentrisme vers un rapport équilibré et respectueux du vivant qui nous entoure ? ». Une poésie qui interroge.
© Anne-Claire Vimal du Monteil