En février dernier paraissait le livre master class Une vision de la photographie – Joel Meyerowitz. Il aura fallu attendre le confinement pour se plonger dans cet ouvrage très instructif.
Exposé dans le monde entier, professeur renommé, Joel Meyerowitz est un photographe de rue internationalement reconnu. Il est aussi celui qui a participé au passage à la photographie en couleurs au cours des années 1960 et 1970. Revenons sur le deuxième élément : la pédagogie. Dans l’ouvrage Une vision de la photographie – Joel Meyerowitz, l’artiste dévoile quelques incontournables pour qui souhaite devenir un « bon » photographe ou accéder à ses pensées. Langage corporel, réflexions sur la composition ou sources d’inspirations, Joel Meyerowitz dévoile quelques-uns de ses secrets au cours de 20 courtes leçons. Il nous conte ses débuts – sa rencontre avec Robert Frank – et revient sur des prises de vue précises, autant de prétextes utiles pour livrer le fond de sa pensée. Dans le chapitre 3 intitulé « Prenez possession de la rue », on (re)découvre par exemple son rapport à la rue, son terrain de jeu favori. « La rue nous appartient. C’est un espace public : chaque objet qui s’y trouve est une cible acceptable. (…) Vous devez avoir le goût de la vie urbaine. Elle est chaotique. Si vous êtes à l’aise dans le désordre, vous trouverez votre voie. Dans la rue, il est important de pouvoir observer l’ensemble du cadre », confie-t-il.
« Lorsque vous tenez votre appareil photo, vous disposez d’un permis de voir. Et voir est l’essence même de la photographie. Vous apprenez sur vous-même comme sur votre environnement : au fil de plus de 55 années de pratique, la photographie m’a enseigné tout ce que je sais du monde et de moi-même ».
Est-il possible de tout photographier ? Vaste question à laquelle Joel Meyerowitz apporte quelques éclairages au regard de l’une de ses images réalisées à New York en 1974. « D’une certaine manière, photographier les personnes infirmes ou blessées revient au moins à reconnaître leur existence. Nous devons rester humbles et admettre que nous sommes tous humains, avec diverses silhouettes, tailles, couleurs, etc. Vous ne vous moquez pas ; vous montrez juste ce qui est ». Créez des liens, trouvez l’histoire, ouvrez-vous à l’humour, découvrez la beauté et le sens de l’ordinaire… Les conseils du photographe dépassent la simple théorie si bien que l’ouvrage s’apparente à un guide spirituel dont la maxime serait : « La photographie est un sport d’optimiste ».
Une vision de la photographie Joel Meyerowitz, Éditions Eyrolles, 15,90 €, 128 p.
© Joel Meyerowitz