200 photographes internationaux, 1150 images. Les Rencontres de la jeune photographie internationale fêtent leurs 25 ans à travers 13 expositions déployées dans la ville de Niort. Une édition à ne manquer sous aucun prétexte.
« L’idée de poursuivre ce projet était animée par le simple constat que les jeunes artistes, juste sortis d’école ou autodidactes, n’avaient que très peu, voir pas, d’espace qui leur permettaient d’interroger leurs pratiques artistique et technique, de se questionner et d’expérimenter. Nombre de prix et de bourses existaient. Nous voulions nous placer sur un registre résolument humain, fidèle à nos engagements collectifs et à ce qui nous rassemblait », rappelle Patrick Delat, directeur artistique de la manifestation niortaise.
Et dans cette commune du centre-ouest de la France, les mots sont fidèles aux actes. Tous les ans, huit photographes émergents sont invités en résidence, au sein du Fort Foucault. Ils ont quinze jours pour réaliser un défi de taille : produire une série d’images en lien avec le territoire et à ses habitants, ensuite exposée dans différents lieux de la ville. Nourris et logés, les photographes sont accompagnés par un conseiller technique parmi lesquels Hugues de Wurstemberger, Jane Evelyn Atwood, Joan Fontcuberta, Bogdan Konopka, Christian Caujolle, Olivier Culmann, ou encore Isabel Muñoz et Corinne Mercadier.
Photographie et expérimentation
Si les espaces de la ville ne permettent pas d’exposer les travaux de 25 ans de résidence, Patrick Delat et son équipe ont réussi à présenter un panel de projets le plus large possible. Quand les travaux ne sont pas rassemblés selon leur date de création, ils sont regroupés en fonction du médium. Plusieurs vidéos et installations sont par exemple proposées au sein du Pavillon Stéphane Grappelli. L’occasion de retrouver la vision poétique du territoire livrée par Anaïs Boudot (2011) ou le travail d’Enrico Floriddia (2016). Ce dernier a choisi de déshumaniser les mutuelles, largement présentes sur le territoire. Au sein du conseil départemental trônent les portraits d’Antoine Bruy (2016). Celui-ci s’est immergé au sein d’une cité et a photographié des figures niortaises. Dans le même espace, on retrouve le travail de Rasel Chowdhury. Pour son premier séjour en Europe, ce photographe bangladais a été choqué de voir comment les séniors finissaient leur vie. Il s’est rendu dans un Établissement d’hébergement pour personne âgée dépendante (EHPAD) et a réalisé des portraits poignants.
© à g. Rasel Chowdhury à d. Antoine Bruy
Le patrimoine est mis à l’honneur au sein de la Galerie Nomade, place de la Brèche, avec les travaux de Christelle Chabrier, Oscar Ferrari ou Miriam Ruisseau, entre autres. Une belle occasion de rendre compte des évolutions du paysage niortais. L’atelier du cadre est quant à lui dédié aux images intimistes signées Jérôme Sother (1997), Mélania Avanzato (2008) et Cédric Friggeri (2014). L’espace d’arts visuels Le Pilori concentre les travaux réalisés de 1994 à 1999. Parmi la vingtaine de photographes exposés, on (re)découvre la réflexion sur les souvenirs et les émotions menée par Sylvie Fontayne (1998) ou encore les paysages qu’aime tant investiguer Patrizia di Fiore (1997). Sandrine Expilly questionnait quant à elle la notion d’empreintes (1996).
« Les préoccupations d’il y a 25 ans sont assez proches de celles d’aujourd’hui. En revanche, la technique diffère », analyse Patrick Delat. Difficile de nommer tous les artistes rassemblés à Niort autour d’une passion commune : la photographie et l’expérimentation. Alors quand Michel Houellebecq annonce dans son dernier ouvrage, Sérotonine, que « Niort[est ] l’une des villes les plus laides qu’il [lui] ait été donné de voir », on imagine qu’il ne s’y est jamais rendu durant le festival photo…
25 ans des Rencontres de la jeune photographie internationale
Jusqu’au 11 mai.
79000 Niort
© à g. Mélania Avanzato et à d. Jerôme Sother
© Nadège Abadie
© à g. Sylvie Fontayne et à d. Sabine Delcour
Image d’ouverture © Nadège Abadie