Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité de la semaine. Virtuose de Photoshop, l’artiste Robin Lopvet construit de toutes pièces des scènes burlesques, insensées, absurdes… Mais surtout drôlement cyniques.
« À défaut de trouver un sens à la vie, j’essaye de trouver une absence de sens, mais qui dit tout de même quelque chose »
, explique Robin Lopvet. Cet artiste-photographe, et maître de Photoshop, fabrique des images déjantées avec un humour terriblement cynique. Animaux à plusieurs têtes, visages de chiens dans les nuages, un canard avec une tête de cheval… Ses compositions sont autant de créatures absurdes qui bouleversent les règles de la vraisemblance. Celui qui dit être « connu sur internet pour avoir fait le meme du chien dans la tempête de sable », repense le rôle du 8e art en lui retirant toute légitimité à l’objectivité.
Son leitmotiv ? Comme le recherchaient les artistes Dada : provoquer. Provoquer le rire, la confusion et l’absurde. « Je cherche ce rire un peu angoissant. Un peu comme le personnage du clown qui est à la fois drôle et effrayant. C’est effectivement un humour absurde, à l’image du monde qui nous entoure », explique-t-il. Et comme dans la performance du clown, l’absurdité de son œuvre se veut être le reflet insolent d’une société bien-pensante.
Le champ de l’insensé
L’intrusion de Robien Lopvet dans le monde de l’art ne fut rien de moins qu’une conséquence contingente de ses choix – ou de ses non-choix. « Je faisais de la photo en amateur pendant mes classes préparatoires d’école d’ingénieur – que j’ai suivi par défaut. À un moment, j’ai réalisé que le milieu ne me plaisait pas. Le 8e art était la seule voie que je n’avais pas envie de ne pas faire… J’ai donc bifurqué vers les beaux-arts », raconte le photographe. Avec une nonchalance à ne plus savoir qu’en faire, l’artiste a adopté le médium et l’a violemment retourné. Même si la retouche était commune avec l’argentique, les possibilités qu’offrent les outils numériques décuplent le champ de l’insensé. Dès lors, aucune idée, aussi loufoque soit-elle, n’est irréalisable.
« J’ai commencé à utiliser Photoshop avant même de pratiquer la photographie. Cela fait plus de quinze ans que je pratique cette discipline, c’est mon outil de travail principal. Je peux maintenant faire pratiquement ce que je veux avec », reconnaît Robin Lopvet. Comme une véritable démonstration de sa prouesse technique, il construit des scènes aussi farfelues que complexes à réaliser. En résulte ce qu’il appelle succinctement – et avec une pointe de poésie – une « excroissance visuelle ». Facile de voir dans son travail une lignée commune avec les univers perturbants mais drôles de Roger Ballen, d’Anna et Bernhard Blume ou encore d’Augustin Rebetez… Mais sans se restreindre au milieu photographique, il n’hésite pas à citer Jim Carrey parmi ses plus grandes inspirations. L’artiste se sent proche des peintres, plus que des photographes, et ce, même s’il « utilise les outils contemporains de manipulation d’image ». Il aborde aussi les questions de « jeu de langage visuel, d’économie de récupération et enfin du bricolage fait maison », raconte-t-il.
© Robin Lopvet