« Amour maternel » : grossesses controversées

24 juin 2020   •  
Écrit par Lou Tsatsas
« Amour maternel » : grossesses controversées

Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité de la semaine. Dans Amour Maternel, la photographe française Sabrina Mariez aborde avec bravoure le sujet tabou des grossesses mal vécues.

« Lorsqu’une femme est enceinte, elle doit, par convention, montrer l’image d’un bonheur infini. Elle n’a pas le droit de se plaindre ni d’être malheureuse. Elle est murée dans le silence par crainte d’être marginalisée, ou pire, d’être jugée comme déviante »,

déclare Sabrina Mariez. Dans Amour maternel, la photographe autodidacte s’intéresse aux détresses et souffrances liées à la grossesse. Un mal tabou, peu discuté en société.

L’artiste construit, depuis ses débuts des séries personnelles, inspirées par des personnages, des rencontres. « Ce qui compte à mes yeux, c’est ma vie intérieure, celle qui fourmille de personnages décalés, parfois beaux, parfois non, des anti héros tristes ou heureux qui me plongent dans des mondes fantasmés et cinématographiques », précise-t-elle. Pour réaliser ce projet, elle a tourné l’objectif vers sa propre histoire, son propre ressenti. Elle se met à nu, espérant « libérer la parole des mères » grâce à ses mises en scène surréalistes.

© Sabrina Mariez© Sabrina Mariez

Dévoiler sa vulnérabilité

Grain prononcé, couleurs pop, décor onirique… La série nous plonge dans un univers rêvé, où les doutes, les angoisses et les peines des mères en devenir font surface. Dans ce décor psychédélique, Sabrina Mariez elle-même, ainsi qu’une jeune modèle, dévoilent leur vulnérabilité. « Le rouge rappelle l’intérieur du corps, le sang aussi, évidemment. Le vert peut être vu comme l’espoir et la vie », explique la photographe, qui poursuit : « Mais c’est à chacun de s’y plonger et de ressentir par lui-même ».

Loin du post-partum, sujet plus volontiers abordé, les grossesses difficiles demeurent difficiles à appréhender. Elles interrogent – « Le fait de ne pas éprouver de bonheur durant cette période signifie-t-il, pour autant, que l’on ne puisse pas être une bonne mère ? Peut-on réduire l’amour maternel à un code génétique et hormonal ? » se questionne l’artiste. Dans les clichés, pas de nouveau-nés, mais des poupons en plastique. Visions étranges, représentant à la fois le lien distant entre mère et enfant, et l’envie, malgré tout, de forger une relation. Dans ce monde fantasmagorique, les protagonistes révèlent, sans peur, leur faille, et confrontent, de manière frontale, un sentiment trop souvent refoulé.

© Sabrina Mariez© Sabrina Mariez
© Sabrina Mariez© Sabrina Mariez

© Sabrina Mariez

Explorez
Marc Riboud : dix ans de conflit vietnamien dans une exposition
À la sortie de l'école dans un village de la côte, Nord Vietnam, 1969 © Marc Riboud / Fonds Marc Riboud au musée Guimet
Marc Riboud : dix ans de conflit vietnamien dans une exposition
Le musée Guimet des Arts asiatiques et l’association Les Amis de Marc Riboud s’unissent pour présenter l’exposition Marc Riboud –...
18 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Basile Pelletier et Sølve Sundsbø conversent : « La curiosité est ma principale source d'inspiration »
Le linge, 2021 © Basile Pelletier
Basile Pelletier et Sølve Sundsbø conversent : « La curiosité est ma principale source d’inspiration »
Le jeune talent Basile Pelletier, 21 ans, ancien élève de la section art et image de l’école Kourtrajmé, échange avec le photographe...
17 avril 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
La sélection Instagram #502 : rebelle un jour, rebelle toujours
© Piotr Pietrus / Instagram
La sélection Instagram #502 : rebelle un jour, rebelle toujours
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine font résistance. Résistance contre l’oppression, contre les diktats, contre les...
15 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Fotohaus Bordeaux 2025 : des existences engagées
© Olivia Gay
Fotohaus Bordeaux 2025 : des existences engagées
La quatrième édition de Fotohaus Bordeaux a commencé. Jusqu’au 27 avril 2025, l’Hôtel de Ragueneau accueille l’événement qui, cette...
12 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Les photographes dans Fisheye célèbrent la Terre, sa fragilité et sa grandeur
Camsuza © Julie Arnoux
Les photographes dans Fisheye célèbrent la Terre, sa fragilité et sa grandeur
Les photographes publié·es sur Fisheye ne cessent de raconter, par le biais des images, les préoccupations de notre époque. À...
Il y a 5 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
La sélection Instagram #503 : les pieds sur Terre
© Garrison Garner / Instagram
La sélection Instagram #503 : les pieds sur Terre
À l’occasion de la journée de la Terre, les artistes de notre sélection Instagram de la semaine célèbrent notre planète. Iels...
Il y a 10 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Dans l'œil de SMITH : métamorphose des sols
Dami (Fulmen) © SMITH pour la résidence INSTANTS, Château Palmer et Leica, 2024
Dans l’œil de SMITH : métamorphose des sols
Aujourd’hui, plongée dans l’œil de SMITH, qui nous révèle les dessous de deux images issues de sa série Dami (Fulmen), réalisée lors de...
21 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #540 : Rosalie Kassanda et François Dareau
© Rosalie Kassanda
Les coups de cœur #540 : Rosalie Kassanda et François Dareau
Nos coups de cœur de la semaine, Rosalie Kassanda et François Dareau, arpentent les rues du monde en quête de quelques étonnements et...
21 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger