Au bal masqué

22 avril 2020   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Au bal masqué

Sujets insolites ou tendances, faites un break avec notre curiosité de la semaine. Le photographe français Frédéric Grimaud s’est tourné vers l’autoportrait pour illustrer les multiples conséquences du confinement.

« J’ai commencé la première journée de confinement avec un terrible mal de ventre qui m’a laissé allongé, sans trouver de position me soulageant. Les jours suivants, la douleur s’est estompée, mais une grosse migraine venait le soir me chatouiller le cerveau – c’est ainsi que j’ai commencé cette quarantaine : étendu dans le noir »

, raconte Frédéric Grimaud. Né en 1975, il pratique la photographie d’auteur et le reportage depuis plus de vingt ans, et capture « l’humain, ses peurs, ses angoisses et son bonheur ». « J’aime rendre l’autre beau, le mettre en valeur, j’ai une approche sociale, documentaire, mais aussi plus abstraite », précise-t-il.

Débutée durant le confinement, la série Autoportraits au masque s’inspire de notre quotidien anxiogène. C’est en parcourant les articles de presse dédiés aux masques que le photographe a imaginé cette série aussi absurde que complexe. Animé par une volonté de faire dialoguer des thèmes récurrents de son œuvre – la matière et le recyclage – à l’autoportrait, il découvre dans son garage une caverne d’Ali Baba, débordant d’incroyables accessoires. « C’est un autre genre de cabinet de curiosité, à ma manière », poursuit-il.

© Frédéric Grimaud© Frédéric Grimaud

Trouver l’équilibre

Comme un écho à sa première réaction face au confinement, Frédéric Grimaud débute sa série étendu sur le sol. Une manière de faire tenir sur lui les différents objets sans avoir recours au montage numérique. « Cette position souligne également notre impuissance, et le fait qu’il faudra se relever coûte que coûte », ajoute-t-il. Si les premières ébauches de la série ne se veulent pas humoristiques, les réactions du public poussent l’artiste à aller plus loin. Médicaments, papiers toilette, vinyles, livres ou encore roues de vélo tiennent en équilibre sur son visage, et évoquent l’absurdité de notre quotidien. « Je voulais également montrer différentes émotions, des expressions théâtrales, qui cognent parfois. Pour obtenir certains rendus, j’ai retenu ma respiration, ou choisi un objet lourd qui me faisait mal. Trouver l’équilibre a également contribué aux différents visages – comme j’aimerais que le monde, lui aussi, le retrouve », confie-t-il.

Loin de prendre sa série à la légère, l’auteur trouve une signification à chaque scène. Les objets trouvés deviennent alors des allégories de la pénurie, la vulnérabilité, les gestes barrière, la peur, la colère, la nécessité de se nourrir, la recherche scientifique ou encore le virus lui-même. Une mosaïque d’émotions fortes, jaillissant de notre actualité. À la manière d’un acteur, Frédéric Grimaud se met en scène pour illustrer notre incompréhension, notre frustration face à un monde qui manque de sens. « Je me suis rendu compte que les gens avaient besoin que l’on parle du confinement avec une certaine distance », déclare-t-il. Un travail aux multiples ramifications.

© Frédéric Grimaud© Frédéric Grimaud
© Frédéric Grimaud© Frédéric Grimaud
© Frédéric Grimaud© Frédéric Grimaud

© Frédéric Grimaud

Explorez
Jaguar par Hugo Mapelli : fragments d’une métamorphose
© Hugo Mapelli
Jaguar par Hugo Mapelli : fragments d’une métamorphose
À l’occasion de la sortie de la Type 00, Fisheye invite le photographe français Hugo Mapelli à poser son regard sur la nouvelle...
Il y a 10 heures   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Masha Sviatahor : danse macabre
Everybody Danse! © Masha Sviatahor
Masha Sviatahor : danse macabre
L'artiste biélorusse Masha Sviatahor constitue collages étranges et kitsch avec des images issues du magazine soviétique Sovetskoe Foto....
17 juillet 2025   •  
Écrit par Milena III
Polina Ganz : le rêve comme refuge
© Polina Ganz
Polina Ganz : le rêve comme refuge
La photographe allemande Polina Ganz explore des mondes imaginaires nourris par la culture underground, les visions lynchéennes et le...
15 juillet 2025   •  
Écrit par Milena III
La sélection Instagram #515 : faire paysage
© Eleonora Busato / Instagram
La sélection Instagram #515 : faire paysage
Comment habitons-nous l’espace ? Quelle place y occupons-nous ? Les artistes de notre sélection Instagram décentrent l’être humain du...
15 juillet 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Jaguar par Hugo Mapelli : fragments d’une métamorphose
© Hugo Mapelli
Jaguar par Hugo Mapelli : fragments d’une métamorphose
À l’occasion de la sortie de la Type 00, Fisheye invite le photographe français Hugo Mapelli à poser son regard sur la nouvelle...
Il y a 10 heures   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Catherine Duverger écoute une rivière en lutte
Pastiche publicitaire / La Seiche, surimpression argentique © Catherine Duverger
Catherine Duverger écoute une rivière en lutte
À travers un projet qui mêle enquête de terrain et expérimentation photographique, Catherine Duverger dévoile les couches...
18 juillet 2025   •  
Écrit par Milena III
Masha Sviatahor : danse macabre
Everybody Danse! © Masha Sviatahor
Masha Sviatahor : danse macabre
L'artiste biélorusse Masha Sviatahor constitue collages étranges et kitsch avec des images issues du magazine soviétique Sovetskoe Foto....
17 juillet 2025   •  
Écrit par Milena III
Elsa & Johanna présentent Lost and Found à Marseille
© Elsa et Johanna
Elsa & Johanna présentent Lost and Found à Marseille
Jusqu’au 27 juillet 2025, le Centre photographique Marseille accueille Lost and Found, la nouvelle exposition du duo Elsa & Johanna....
16 juillet 2025   •  
Écrit par Costanza Spina