Cette semaine, Brigitte Patient reçoit Annie Duperey, la photographe. Pour Regardez Voir, elle revient sur l’exposition qu’elle propose aux Promenades photographiques de Vendôme. Une réunion des œuvres de son père, de sa sœur et d’elle-même.
On la connaît comme comédienne, écrivaine, moins pour son travail photographique. Pourtant, Annie Duperey a baigné dans le 8e art dès l’enfance. Son père, Lucien Legras, était photographe. C’est d’ailleurs à l’occasion d’une de ses séances photo que celui-ci rencontre la mère de l’actrice, Ginette. Lorsque leurs parents disparaissent dans un accident tragique, Annie a 8 ans, sa sœur Patricia 5 mois. Cette dernière aujourd’hui décédée.
Pendant 35 ans, les deux sœurs n’auront pas la force de regarder les négatifs de leur père. Elles décident néanmoins chacune de se lancer dans la photographie. Un jour, elles osent regarder les clichés de leur père et plonger dans l’inconnu familiale. « À partir du jour où je les ai découverts, confie-t-elle, le sens de la photo est devenu beaucoup plus sensible et presque dramatique. N’ayant aucun souvenir d’enfance, il m’a offert la preuve que celle-ci a existé. »
© Lucien Legras
Dans la lignée du père
Ses images sont rassemblées aux côtés de celle de Lucien et Patricia Legras dans une exposition naturellement marquée par la filiation, pour ne pas dire par l’héritage. Annie Duperey le concède : « Par respect pour notre père, ma sœur est restée tout à fait dans sa ligne d’une photographie très architecturée sur le noir et blanc et dans la recherche de lignes, de rythme, très dans la lignée du père. Je trouve qu’il y a une unité dans nos photos. C’est une famille de photographes. »
La photographie, Annie Duperey a continué de la pratiquer toute sa vie, en amatrice éclairée. Dans ses images, il y a la campagne, bien plus que la ville. On trouve aussi beaucoup de portraits de ses amis comédiens. « Je capte des moments d’abandon total. Ces photos sont des portraits intérieurs. C’est-à-dire un moment où j’ai pu capter, sans qu’il le sache, quelqu’un dans un moment d’abandon total. Un moment de vie intérieure où il n’était pas en situation d’acteur, sans chercher à être beau, ou même aimable », explique-t-elle.
© Annie Duperey
© Annie Duperey
© Patricia Legras
En ouverture, © Annie Duperey