Cette semaine, Brigitte Patient visite l’exposition Guy Tillim, Museum of the revolution à la Fondation Henri Cartier-Bresson. Lumière ensuite sur Limite(s), un film dédié au photographe Antoine d’Agata et réalisé par Franck Landron.
La Fondation Henri Cartier-Bresson accueille l’exposition Museum of the revolution, consacrée au photographe sud-africain Guy Tillim, lauréat du Prix Henri Cartier-Bresson 2017. Après avoir reçu 35 000 euros d’aide financière pour la réalisation de son projet, l’auteur a documenté les traces des années coloniales et post-coloniales dans les grandes villes africaines.
« Il était complètement déterminé à photographier ces grandes avenues, qui forment les traces des colonies », précise Agnès Sire, directrice de la fondation. « J’étais très visible, dans la rue, confie ensuite Guy Tillim. Mais plus on est visible, plus, paradoxalement on devient invisible. Les gens vous voient de loin et vous donnent une place dans la scène qu’ils sont sur le point de vivre. » De ces rues, émane une atmosphère étrange, oscillant entre le passé et l’avenir. Des images intemporelles capturant « une fluidité magnifique des corps », ajoute la directrice.
© Guy Tillim, Courtesy of Stevenson, Cape Town and Johannesburg
Plus qu’un photographe, un artiste
Focus ensuite sur un film, D’Agata Limite(s), réalisé par le Franck Landron, et consacré à Antoine d’Agata. Habitué des documentaires sur les photographes – il s’est notamment penché sur les carrières Sabine Weiss et Claude Nori – le réalisateur s’est intéressé à un autre grand nom du 8e art. « Antoine d’Agata n’est pas que photographe. Lorsqu’on apprend à le connaître, on comprend que c’est un artiste, qui utilise la photo, les films et les textes aussi », confie Franck Landron.
Membre de Magnum Photos depuis 2004, le photographe a publié plus de cinquante ouvrages. Une carrière bien remplie. Pourtant, le réalisateur a choisi de donner la parole à toutes les personnes qui le côtoient, plutôt que de le placer en premier plan. Entre quelques confessions, les images défilent, belles et violentes, puisqu’on y voit notamment Antoine d’Agata se droguer. Un rituel indispensable à la vie de l’artiste, que Franck Landron a souhaité conserver. Une œuvre poignante.
D’Agata Limite(s) © Franck Landron
Image d’ouverture : © Guy Tillim, Courtesy of Stevenson, Cape Town and Johannesburg