Commençons par une vérité énoncée par Dumas Maçon dans le premier éditorial de Fotopaklè : il était urgent que ce collectif voie le jour. Parce que les images qui nous viennent du pays caraïbe oscillent trop souvent entre chaos et cocotiers. La photo haïtienne est soit soumise à la recherche du beau – du sourire éclatant à la plage immaculée en passant par des paysages stupéfiants –, soit à la représentation du chaos qui règne sur l’île – troubles politiques, pneus qui brûlent, misère noire, cérémonies vaudoues…
Quand l’actualité s’impose, avec son lot de préjugés, l’étranger vient photographier l’île. Puis repart. En résulte un album national pris au piège d’une imagerie manichéenne, accusant de graves lacunes. Entre le blanc-sable éclatant et le noir-misère, toute une gamme de gris attend d’être documentée, archivée, immortalisée, transmise.
Un franc regard de nous sur nous
Janvier 2010. Quand le sol se met à trembler à Haïti, des hordes de photojournalistes étrangers sont dépêchées pour témoigner du désastre de l’île. Pour les jeunes photographes sur place, c’est le déclic. « Haïti se résume au 12 janvier 2010 pour beaucoup d’étrangers, explique Georges Harry Rouzier, membre du Kolektif 2D. On s’est dit que les Haïtiens devaient aussi donner leur regard sur le pays. » C’est à Port-au-Prince, deux ans plus tard, que le projet prend forme dans les locaux de la Fondation Connaissance et Liberté (Fokal pour les habitués), où se retrouvent régulièrement écrivains, artistes, cinéastes et intellectuels.
Ce lieu d’agitation est aussi la plus grande bibliothèque du pays, avec la seule collection de livres photo de la capitale. Les futurs membres du Kolektif 2D ont entre 20 et 30 ans. Des photographes haïtiens, des jeunes gars, quelques rares filles, jusque-là habitués aux mariages, aux books de mannequins ou à l’événementiel. C’est Fokal qui lancera l’idée de créer des workshops pour les former au photojournalisme, en 2012. Ainsi naîtra le Kolektif 2D. « Un franc regard de nous sur nous », voilà comment ils résument désormais leur mission. « Parce que nous comprenons mieux que quiconque nos mythes, nos peurs, nos espoirs et nos rêves », assure Milo Milfort, membre du collectif. Quatre ans plus tard…
L’intégralité de cet article est à retrouver dans Fisheye #22, en kiosque depuis le 9 janvier et disponible en ligne sur Relay.com !