Boby sort son premier livre, Cafoucho, publié chez Fisheye Éditions. Mêlant exigence informative et recherche esthétique, il compile quinze ans d’accumulation photographique éparpillée dans trente-trois disques durs. Le lancement aura lieu le 10 juin 2025 à la Fisheye Gallery, ouvert à tous·tes.
« Il faut monter au sommet de la montagne avant qu’elle soit trop élevée », soutient Boby. C’est en puisant dans trente-trois disques durs qui retracent plus de quinze ans de vie du photographe, que Cafoucho naît. Inspiré par la phrase culte de sa mère : « Range ton cafoucho ! » – une allocution provençale qui signifie « placard, désordre, débarras » –, criée à la vue de sa chambre en perpétuel désordre, Boby ouvre ici les portes de son joyeux capharnaüm visuel. Chaque photo traduit son envie de relater des histoires à travers un angle inattendu. Originaire de Marseille, il nous invite à plonger dans cet ouvrage de 256 pages – à paraître chez Fisheye Éditions le 10 juin 2025 – composé de clichés qui racontent l’existence telle qu’elle est : brute, drôle, désorganisée, intense et chaotique. Cafoucho constitue « l’agenda d’une semaine de ma vie ou plein d’univers, qui ne devrait pas se croiser, se rencontrent à travers mon appareil photo », confie l’artiste. Les images semblent défiler par hasard, « Zizou et mon beau-fils sur la même page »… et pourtant, tout a du sens. Un fil rouge inattendu se dessine : une poésie visuelle, un regard libre et irrévérencieux qui entrechoque les mondes, décloisonne les styles et joue avec l’imprévu. Des photos marquantes et captivantes illustrent notre époque, des Jeux olympiques de Paris 2024 aux festivals de Cannes. Sous une couverture jaune éclatant se cache une balade photographique qui évoque le soleil du sud, l’étoile du maillot de l’OM et le Ricard.
« Pour faire des photos, il faut juste avoir de bonnes chaussures »
Le regard unique de Boby n’a cessé d’évoluer pendant ces années grâce à « l’amour de [s]a femme, de [s]on beau-fils, de [s]on travail journalistique pour Libération ». Comme l’introduit Boby, si Cafoucho était un lieu, « ce serait un étang du Jura et le stade Vélodrome au cœur d’un match de l’OM », en d’autres termes, un espace qui se situe entre deux mondes opposés. Il prend par ailleurs pour exemple l’ambiguïté palpable sur l’image de couverture : « la douceur de [s]a grand-mère et son gentil doigt d’honneur », ou encore une confrontation entre la police et les manifestant·es, face au doux portrait de Natalie Portman. Il exprime cette diversité par son goût aiguisé du contraste qui est autant esthétique que réfléchi : « Il faut capturer l’instantanéité que la vie t’offre [car parfois] une image peut être plus radicale qu’un “je t’aime” », soutient-il. Pour l’artiste, être quelqu’un de « bordélique » n’a pas d’incidence sur le travail. « Ce qui te différencie des autres, c’est ton engagement et ta motivation, assure-t-il. Il n’y a pas besoin d’avoir un accès [privilégié] pour faire de belles photos, il faut juste avoir de bonnes chaussures et savoir marcher ! » Telle est la leçon que nous enseigne Boby avec son Cafoucho.
256 pages, 43 €