À l’Atelier de la Mécanique, au sud de la ville, les visiteurs vont et viennent entre les cimaises à l’abri du soleil. Dans ce grand et bel espace d’exposition arlésien, la Huawei Gallery a pris ses quartiers. Et propose Champ / Contrechamp une exposition touchante, originale qui redéfinit le rapport entre le photographe et son modèle.
L’espace est minimaliste, blanc, épuré. À gauche, une série de portraits est accrochée le long d’une cimaise et on ne se doute pas, au premier abord, qu’elle est incomplète. Sept visages font face au visiteurs. Leurs regards se plongent dans les nôtre, à hauteur d’homme. Ces images en noir et blanc sont signées Billy Kidd. Le photographe new-yorkais de 37 ans, habitué des podiums et des studios, est désormais ambassadeur pour Huawei qui inaugurait cette galerie le 5 juillet dernier. Ainsi, tous les portraits de cette exposition Champ / Contrechamp ont été réalisés avec un P10 Plus, dernier petit bijou de la marque.
Le résultat est aussi simple qu’il est intriguant. Les sept inconnus photographiés par Billy Kidd à New York posent devant un fond vierge. Leurs visages sont capturés en noir et blanc et, comme bien souvent dans les images de l’artiste, la couleur se trouve dans la profondeur des regards qu’il met en valeur. Si bien qu’on est irrémédiablement attiré par ces visages drôles, bienveillants, inconnus et offerts. Car la notion d’offrande est ici très importante. Une véritable connexion se créée entre le visiteur et les oeuvres. Et l’on s’oublie. On ne remarque pas les marquages au sol, ni les téléphones suspendus au-dessus de chaque portrait.
Quand le spectateur devient modèle
C’est justement bien là le but recherché. Car pendant que le visiteur se concentre sur une image, il est pris en photo. Derrière lui, tout un système informatique et photographique a été mis à disposition de Billy Kidd. Sur deux écrans, il peut observer les gens qui s’attardent devant ses images, grâce à un logiciel connecté aux P10 que l’on n’avait pas remarqué… Et si une expression, un visage lui plaît, il déclenche à distance. En une journée ce sont une centaine d’images qui sont réalisées avec le mode “Portrait” du P10 puis triées afin de déterminer laquelle viendra s’ajouter à côté du portrait original où elle a été prise. Un nouveau portrait est accroché chaque jour, pendant toute la durée de la semaine d’ouverture des Rencontres d’Arles.
Une heureuse dichotomie s’opère à travers cette exposition ingénieuse qui réunit des diptyques d’inconnus. Un challenge qui n’était pas facile à relever pour un photographe qui a l’habitude de faire face à des modèles professionnels, dans des conditions de prise de vue très préparées. Inconsciemment ou non, les visiteurs vont lui donner quelque chose. Son défi : garder l’oeil ouvert pour saisir ces quelques secondes d’abandon. Champ / Contrechamp redéfinit complètement le rapport entre le photographe et son modèle, dans le sens où aucun d’entre eux ne peut vraiment contrôler l’image qui va naître. Le concept est audacieux. Pour Vincent Vantilcke, directeur marketing de Huawei France, « une mutation profonde s’opère dans la photographie ». Cette manifestation en est l’heureuse évidence.
Images par © Billy Kidd