Du 16 septembre au 28 octobre la galerie Arrêt sur l’image à Bordeaux accueille Biarritz Paradiso, l’exposition de Claude Nori, à l’occasion de la sortie du livre éponyme. Entre nostalgie, rêverie et doux sens de finitude, le photographe décrit Biarritz comme une terre d’épiphanies, emblématique d’un monde enfermé dans le passé.
Le photographe Claude Nori s’est installé à Biarritz en 1999 « pour y être heureux ». Cette ville étrange est comme un microcosme intemporel, qui survit dans un monde incertain en plein délitement. Avec ses allures de siècle dernier, ses lumières et couleurs qui évoquent la dolce vita italienne, aux yeux du photographe, Biarritz est beaucoup plus qu’une station balnéaire. C’est tout le propos de son ouvrage Biarritz Paradiso, qui sortira en septembre 2023, et de l’exposition éponyme qui aura lieu du 16 septembre au 28 octobre à la galerie Arrêt sur l’image à Bordeaux. Claude Nori n’est pas le premier à s’énamourer de la petite ville du sud-ouest au point d’en faire une obsession photographique. Son travail fait ainsi écho à celui de Jacques Henri Lartigue (1894-1986), qui relata avec des images d’une grande liberté formelle et des textes vifs et poétiques sa vie familiale, la société mondaine de la Belle Époque, les premiers temps de l’aviation et l’ambiance sensuelle des lieux de villégiature où il séjournait les beaux jours. Le livre de Nori ainsi que l’exposition sont accompagnés des textes de l’écrivain Erwan Desplanques, auteur de L’Amérique derrière moi, qui évoque ses jeunes années à Biarritz où il découvrit sa vocation pour le métier de journaliste et écrivain. La rencontre de ces trois artistes donne vie à un récit nostalgique et irréel, nous transportant dans un espace en dehors du temps et de l’actualité.
Photographier la vulnérabilité du présent
À travers l’objectif de Claude Nori, Biarritz devient « un paradis » étincelant. La ville borde l’océan comme un petit rêve hors du temps. Ses photographies sont remplies de simplicité, d’insouciance, d’effervescence mais aussi d’un sens de finitude perpétuel : capter la vie au présent est en réalité une façon élégante et polie d’enregistrer une disparition en cours. Une apocalypse douce qui met en exergue le décalage entre l’ambiance biarrote et l’actualité du monde en dehors de cette bulle. Comme celle de son aîné Jacques Henri Lartigue, la photographie de Claude Nori est un « fragment d’éternité fixé dans un sourire adolescent, la complicité d’Isabelle, la femme aimée ou la voussure d’un homme contemplant les vagues. Les deux ont finalement porté la photographie à son plus haut degré de délicatesse et d’incandescence, archivant les joies simples de l’enfance, les accélérations du présent, la griserie des bains de mer et la folle beauté des instants vulnérables. »