Julie Charbonnier et Melina Barberi, nos coups de cœur de la semaine, nous plongent dans deux univers distincts. La première revient sur son expérience de danseuse tandis que la seconde nous ouvre les portes d’un monde de science-fiction au sein duquel plusieurs réalités se croisent.
Julie Charbonnier
Le Velours des ronces résulte d’une expérience au sein d’un milieu régi par de nombreux codes. De fait, Julie Charbonnier, photographe autodidacte à l’origine de cette série, se livre à la danse depuis ses 7 ans et cela fait plus d’une décennie qu’elle officie dans différentes compagnies. Tout naturellement, elle a souhaité comprendre la portée des marques, psychologiques et physiques, qu’une telle activité laisse dans le corps. « Ce fut d’abord une réflexion personnelle sur mon rapport à cette discipline très exigeante, afin d’essayer d’en saisir les limites qui semblent toujours repoussées. Puis j’ai très vite eu besoin de partager ces questionnements avec les danseuses qui m’entourent afin d’offrir un récit à ces années de silence. La photographie s’est révélée être un outil de soin, proposant un espace propice à la libération de la parole », nous explique-t-elle. Dans des teintes douces, les modèles se dévoilent sans fard. Les corps se contorsionnent, les larmes coulent, les êtres s’étreignent et se réconfortent, ils montrent la peau rougie et creusée par un collant ou un corset trop serré. « Pour nourrir les prises de vue, j’ai puisé dans mes outils chorégraphiques comme l’empathie kinesthésique, les pratiques somatiques et la visualisation mentale, indique l’artiste. Ils m’ont donné des points d’ancrage pour construire ces images comme de lentes et longues improvisations et retrouver des sensations au plus près de celles vécues dans notre métier de danseuse. » Au fil de ces tirages argentiques, une autre représentation de la profession émerge ainsi.
Melina Barberi
C’est un univers traversé par la brume et le mystère. L’horizon est indistinct, une étoffe argentée recouvre le paysage et les corps, des rayons éblouissants ont remplacé les regards quand ils n’émanent pas d’un amas de végétaux. L’atmosphère se révèle singulière et interroge celui ou celle qui essaye de comprendre ce qui se joue en ces lieux. « Mon travail photographique est basé sur la science-fiction, sur l’exploration des manifestations énergétiques paranormales afin d’évoquer des sensations et des émotions », renseigne Melina Barberi, qui signe ce corpus. Intitulé Nostalgie du futur, celui-ci renvoie à ce sentiment particulier que nous éprouvons parfois pour des moments jamais vécus. Selon notre interlocutrice, pour le comprendre, il faut alors avoir recours à l’imaginaire. Ici, chaque cliché représente un chapitre à part entière, prenant place dans un plus vaste récit. « Dans le domaine de la science-fiction, les règles de la physique sont différentes. Il y a un large éventail de réalités qui pourraient exister simultanément. Mais on peut aussi envisager la possibilité de mondes internes dans lesquels nos perceptions, nos rêves et nos aspirations créent des réalités individuelles. […] Cela nous invite à réfléchir sur la nature de la vie et de l’imagination humaine », suggère-t-elle.