Les coups de cœur #541 : Julie Charbonnier et Melina Barberi

28 avril 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les coups de cœur #541 : Julie Charbonnier et Melina Barberi
© Julie Charbonnier
Deux danseuses s'enlacent
© Julie Charbonnier

Julie Charbonnier et Melina Barberi, nos coups de cœur de la semaine, nous plongent dans deux univers distincts. La première revient sur son expérience de danseuse tandis que la seconde nous ouvre les portes d’un monde de science-fiction au sein duquel plusieurs réalités se croisent.

Julie Charbonnier

Le Velours des ronces résulte d’une expérience au sein d’un milieu régi par de nombreux codes. De fait, Julie Charbonnier, photographe autodidacte à l’origine de cette série, se livre à la danse depuis ses 7 ans et cela fait plus d’une décennie qu’elle officie dans différentes compagnies. Tout naturellement, elle a souhaité comprendre la portée des marques, psychologiques et physiques, qu’une telle activité laisse dans le corps. « Ce fut d’abord une réflexion personnelle sur mon rapport à cette discipline très exigeante, afin d’essayer d’en saisir les limites qui semblent toujours repoussées. Puis j’ai très vite eu besoin de partager ces questionnements avec les danseuses qui m’entourent afin d’offrir un récit à ces années de silence. La photographie s’est révélée être un outil de soin, proposant un espace propice à la libération de la parole », nous explique-t-elle. Dans des teintes douces, les modèles se dévoilent sans fard. Les corps se contorsionnent, les larmes coulent, les êtres s’étreignent et se réconfortent, ils montrent la peau rougie et creusée par un collant ou un corset trop serré. « Pour nourrir les prises de vue, j’ai puisé dans mes outils chorégraphiques comme l’empathie kinesthésique, les pratiques somatiques et la visualisation mentale, indique l’artiste. Ils m’ont donné des points d’ancrage pour construire ces images comme de lentes et longues improvisations et retrouver des sensations au plus près de celles vécues dans notre métier de danseuse. » Au fil de ces tirages argentiques, une autre représentation de la profession émerge ainsi.

Gros plan sur une main dont les veines ressortent
© Julie Charbonnier
Une danseuse se contorsionne
© Julie Charbonnier
Une danseuse pleure
© Julie Charbonnier
Une main tient un insecte volant
© Julie Charbonnier
Un paysage brumeux
© Melina Barberi

Melina Barberi

C’est un univers traversé par la brume et le mystère. L’horizon est indistinct, une étoffe argentée recouvre le paysage et les corps, des rayons éblouissants ont remplacé les regards quand ils n’émanent pas d’un amas de végétaux. L’atmosphère se révèle singulière et interroge celui ou celle qui essaye de comprendre ce qui se joue en ces lieux. « Mon travail photographique est basé sur la science-fiction, sur l’exploration des manifestations énergétiques paranormales afin d’évoquer des sensations et des émotions », renseigne Melina Barberi, qui signe ce corpus. Intitulé Nostalgie du futur, celui-ci renvoie à ce sentiment particulier que nous éprouvons parfois pour des moments jamais vécus. Selon notre interlocutrice, pour le comprendre, il faut alors avoir recours à l’imaginaire. Ici, chaque cliché représente un chapitre à part entière, prenant place dans un plus vaste récit. « Dans le domaine de la science-fiction, les règles de la physique sont différentes. Il y a un large éventail de réalités qui pourraient exister simultanément. Mais on peut aussi envisager la possibilité de mondes internes dans lesquels nos perceptions, nos rêves et nos aspirations créent des réalités individuelles. […] Cela nous invite à réfléchir sur la nature de la vie et de l’imagination humaine », suggère-t-elle. 

Un cheval aux yeux lumineux
© Melina Barberi
Une personne enveloppée d'un tissu argenté et des cygnes aux yeux lumineux
© Melina Barberi
Une main touche un miroir
© Melina Barberi
Une personne au visage lumineux
© Melina Barberi
Deux rayons lumineux dans un amas de végétaux
© Melina Barberi
À lire aussi
Les coups de cœur #540 : Rosalie Kassanda et François Dareau
© Rosalie Kassanda
Les coups de cœur #540 : Rosalie Kassanda et François Dareau
Nos coups de cœur de la semaine, Rosalie Kassanda et François Dareau, arpentent les rues du monde en quête de quelques étonnements et…
21 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #539 : Margaux Battistelli et Ludwig Favre
© Margaux Battistelli
Les coups de cœur #539 : Margaux Battistelli et Ludwig Favre
Margaux Battistelli et Ludwig Favre, nos coups de cœur de la semaine, investissent la rue et brossent des portraits poétiques de…
07 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Explorez
Loose Fist : une cartographie de la masculinité par Arhant Shrestha
Adarsh © Arhant Shrestha
Loose Fist : une cartographie de la masculinité par Arhant Shrestha
À la librairie 7L, le photographe népalais Arhant Shrestha présente Loose Fist, livre et exposition issus d’un long travail de...
18 novembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
5 coups de cœur qui sondent la mémoire
© Madalena Georgatou
5 coups de cœur qui sondent la mémoire
Tous les lundis, nous partageons les projets de deux photographes qui ont retenu notre attention dans nos coups de cœur. Cette semaine...
17 novembre 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
La sélection Instagram #532 : dans les méandres de la mémoire
© celluloidjournal / Instagram
La sélection Instagram #532 : dans les méandres de la mémoire
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine sondent les mystères de la mémoire. Ils et elles exhument les souvenirs qui...
11 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #565 : Jeanne Narquin et Émilie Brécard
© Jeanne Narquin
Les coups de cœur #565 : Jeanne Narquin et Émilie Brécard
Jeanne Narquin et Émilie Brécard, nos coups de cœur de la semaine, s’intéressent toutes les deux à la féminité. La première photographie...
10 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
À la MEP, Tyler Mitchell joue avec les codes du portrait formel
The root of all that lives, 2020 © Tyler Mitchell. Courtesy de l'artiste et de la Galerie Gagosian
À la MEP, Tyler Mitchell joue avec les codes du portrait formel
Jusqu’au 25 janvier 2026, la Maison européenne de la photographie présente la première exposition personnelle de Tyler Mitchell en...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Au musée des Arts décoratifs, Guénaëlle de Carbonnières exhume la mémoire
© Guénaëlle de Carbonnières
Au musée des Arts décoratifs, Guénaëlle de Carbonnières exhume la mémoire
Jusqu’au 1er février 2026, le musée des Arts décoratifs de Paris vous invite à découvrir Dans le creux des images. Cette exposition...
Il y a 8 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Loose Fist : une cartographie de la masculinité par Arhant Shrestha
Adarsh © Arhant Shrestha
Loose Fist : une cartographie de la masculinité par Arhant Shrestha
À la librairie 7L, le photographe népalais Arhant Shrestha présente Loose Fist, livre et exposition issus d’un long travail de...
18 novembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
La sélection Instagram #533 : au pays des mots
© Simon Phumin / Instagram
La sélection Instagram #533 : au pays des mots
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine se plongent dans les livres et les univers composés de mots. Ouvrages, magazines...
18 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger