Vous êtes photographe ou vous souhaitez le devenir ? Vous avez des questions sur cette profession qui fait rêver, mais ne savez pas où les poser ? Ça tombe bien, car Fisheye a lancé le Courrier des Photographes ! Envoyez votre demande à Agathe Kalfas, qui vous répondra cash et vous éclairera sur les coulisses du métier.
Cher·es photographes,
Aujourd’hui, nous nous arrêtons sur une nouvelle question existentielle dans la vie d’un·e photographe, venant de François Ollivier : Pourquoi les éditeurices photo ne répondent-iels jamais à nos sollicitations ? Certes, cette situation est assez courante et désagréable, mais j’aimerais, avant de vous donner quelques conseils pratiques pour l’éviter, relativiser en vous mettant deux secondes à la place de celleux que vous blâmez. Imaginez : vous travaillez dans une rédaction dont le budget photo ne cesse de diminuer d’année en année, dans une équipe en sous-effectif, vous ne comptez plus vos heures sup’ et vous devez absolument boucler la prochaine parution aujourd’hui. Vous ouvrez votre boîte affichant 150 mails non lus dont celui de Tartanpion qui vous envoie un magnifique portfolio de 200 pages sur une mine d’or en Ouzbékistan, téléchargeable via un lien périmé depuis cinq jours alors que vous travaillez au service Culture et spectacles de votre magazine. Il est fort probable que cette personne ne reçoive jamais de réponse…
Cet exemple illustre en quelque sorte les deux grands phénomènes expliquant le sentiment de ghosting des photographes : d’un côté un manque de disponibilité des éditeurices photo, de l’autre des photographes qui n’ont pas toujours les bonnes méthodes et/ou ne savent pas bien cibler leurs interlocuteurices.
Quelques conseils :
- Adressez-vous aux bonnes personnes en ciblant pertinemment le média et le service concerné. Évitez les envois groupés à une large liste de diffusion et privilégiez des mails personnalisés.
- Soyez clair et concis dans votre demande : cherchez-vous à faire publier un travail existant dans telle ou telle rubrique ou bien à faire connaître votre parcours pour d’éventuelles commandes ? N’hésitez pas à solliciter un rendez-vous en personne pour vous présenter.
- Envoyez des PDF et surtout pas de liens téléchargeables. N’envoyez jamais de photos en vrac dans un mail.
- Réalisez des portfolios d’une trentaine de pages maximum, soignez l’introduction des séries par des textes courts résumant vos intentions. Pensez à toujours afficher vos coordonnées, CV et/ou bio dans votre document.
- Relancez sans insister, de préférence le lundi matin.
- Essayez dès que possible de rencontrer les personnes ciblées en lectures de portfolio ou lors d’évènements publics. Comme Fisheye le fait cette année, lors de la semaine professionnelle des Rencontres d’Arles.
Évidemment, même si vous suivez ces recommandations à la lettre, cela ne vous épargnera pas certaines déconvenues. Il arrivera que votre travail ne tape pas dans l’œil de la personne visée et que celle-ci n’ait pas la politesse de vous répondre. Mais ne vous découragez pas pour autant, si votre travail est bien réalisé vous finirez par trouver le moyen de le diffuser.
Pour finir, je vous conseille de faire un petit tour sur le site de l’Association Nationale des Iconographes pour en apprendre plus sur ce métier souvent mal connu ou mal compris, y compris pas les photographes, ou de vous plonger dans la lecture du livre blanc des Filles de la Photo : Y Voir Clair, dans le méli-mélo de la photo.