Pour sa sixième édition, le festival BZH PHOTO invite à Loguivy-de-la-Mer le photographe californien Daniel Jack Lyons. Sa nouvelle série, Solus, fruit de sa résidence sur le territoire des Côtes d’Armor, est exposée dans le port du jusqu’au 8 septembre 2024.
Chaque été, les habitant·es et visiteur·ses de Loguivy-de-la-Mer, charmant petit village de pêcheur·ses breton·nes, ont le plaisir de découvrir des photographies inédites de leur territoire. Fondé en 2019 par Camille Gajate, BZH PHOTO invite en résidence une fois par an un·e photographe venant « d’un autre littoral », et expose son travail sur une vingtaine de mâts pivotant au gré du vent dans le port. La jeune directrice artistique qui a commencé sa carrière aux archives photographiques du musée Guimet, avant de travailler, entre autres, pour le festival Kyotographie, Paris Photo ou encore Photo Days, souhaite que son événement « encourage un dialogue interculturel et artistique sur le sujet de l’estran, ce monde imbriqué entre la terre et la mer si caractéristique du littoral breton ».
Une solitude queer qui se prolonge au fil des générations
Cette année, elle a choisi d’inviter le portraitiste californien Daniel Jack Lyons. Sa série Solus, qui avait été partiellement dévoilée lors de l’édition spéciale rétrospective de 2023, s’intéresse à la question de l’identité queer bretonne. Formé à l’anthropologie sociale, il poursuit un travail déjà amorcé avec Like a river, série pour laquelle il s’était rendu au cœur de la forêt amazonienne brésilienne afin de rencontrer des jeunes queer et trans, partagé·es entre espoir et désillusion dans une société très attachée à ses traditions. Pour préparer sa résidence en Bretagne, il a mené en amont des recherches et échangé longuement avec des habitant·es queer de la région, qui lui ont confié leur sentiment d’isolement. Daniel Jack Lyons précise, « si une grande partie de mon travail a exploré les thèmes de la communauté queer et de la famille choisie, Solus interroge son contraire en collaborant avec de remarquables individus qui existent en l’absence de communauté queer, prenant part à la discussion globale sur la solitude queer intergénérationnelle…».
Montrer l’attachement au territoire
Conscient des enjeux de représentation pour ces communautés, le photographe réalise des portraits sur un mode collaboratif, laissant à ses modèles le choix de leur tenue et de leur pose, ainsi que le moment et le lieu de la prise de vue. Agriculteurices, marins, apiculteurices, cavalier·es, ou encore ostréiculteurices, tout·es les participant·es sont des acteurices incontournables du tissu breton, fortement connecté·es à la nature. Ses images, au-delà du portrait classique, nous montrent cet attachement au terroir à travers la beauté des gestes qui accompagnent leurs métiers. Travaillant à l’argentique, Daniel Jack Lyons a l’habitude de prendre son temps pour mener à bien ses projets. À l’occasion de l’ouverture du festival, il a décidé de poursuivre la série en dehors de la résidence, fasciné par la richesse du paysage côtier et des rencontres qui l’ont jusqu’à présent nourri.