Jusqu’au 12 novembre, Paris Photo s’installe au Grand Palais éphémère, dans le 7e arrondissement de la capitale. L’occasion pour les passionné·es de photographie, les collectionneur·ses et féru·es d’art de découvrir de nouvelles pépites. Et pour vous faciliter la tâche, la rédaction de Fisheye vous présente ses coups de cœur de l’édition 2023 !
Hubert Crabières – Galerie Madé (SC01)
Pour notre plus grand bonheur, le secteur Curiosa se voit envahir d’un flot de couleurs pétillantes et de compositions plus loufoques les unes que les autres. Représenté par la Galerie Madé, le photographe français Hubert Crabières dévoile des œuvres qui captent immédiatement notre regard. Loin des cimaises blanches et uniformes d’une majorité des stands de Paris Photo, celles de l’artiste sont recouvertes par un large autoportrait nu et scintillant. Les cadres, quant à eux, sont habillés de papiers cadeaux pailletés. Cette scénographie innovante sublime avec ingéniosité les mises en scène aussi absurdes que formidables du photographe, lauréat du prix American Vintage du festival de Hyères en 2019. Issues de projets personnels ou de commandes, les images exposées offrent un important panorama de sa créativité et de son imagination sans limites. Une installation haute en couleur à l’égal des œuvres et de l’audace d’Hubert Crabières.
François Halard – Galerie Ruttkowski ;68 (D31)
Au cœur du grand espace de la galerie Ruttkowski ;68, les œuvres de François Halard ne peuvent qu’attirer notre attention. Diplômé de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris, l’artiste présente une œuvre à la croisée des médiums. Sur les murs, des polaroïds gigantesques nous plongent dans un monde coloré où les inspirations sculpturales égyptiennes, grecques et romaines croisent une fascination pour le funèbre comme un goût pour l’art plastique. Transformés à l’aide de couches de cire, de peinture à l’huile et d’encre, les clichés se parent de nuances plus intimes. Ils nous emportent dans un entre-temps où les mots et les coulées orangées convoquent le passé comme l’imaginaire. Un accrochage marquant jouant avec les contrastes pour nous forcer à ralentir et oublier – un instant – le tumulte caractéristique de Paris Photo.
Ibasho (C02)
Située à Anvers, en Belgique, la galerie Ibasho, signifiant « un endroit où l’on peut être soi-même », s’intéresse particulièrement à la photographie japonaise. D’artistes originaires du pays du soleil levant à des photographes occidentaux·les qui s’en inspirent dans leurs créations, elle met un point d’honneur à dévoiler des œuvres de photographes tant émergent·es que de renom. Pur et minimaliste, leur stand expose, entre autres artistes talentueux·ses, l’univers de la Française Chloé Jafé. Dégageant une importante intensité visuelle, ses images en noir et blanc ont été récoltées au gré de son immersion au Japon entre 2013 et 2019. Elle offre un regard unique et déshabillé sur cet archipel où la pudeur est de rigueur. Le stand idéal pour découvrir une nouvelle facette d’un pays qui fait tant rêver.
Krista Svalbonas – Marshall (E15)
Au fil de ses projets, Krista Svalbonas tisse le récit méconnu des populations baltes qui ont fui leur terre natale dans l’Europe d’après-guerre. Ses séries intitulées Displacement et What Remains, actuellement exposées au stand de la galerie Marshall, s’intéressent plus particulièrement aux habitations. Prises en Allemagne comme dans la région balte, les tirages ont été découpés au laser de telle sorte à révéler des imprimés traditionnels, mais également des lettres d’archives. À l’image, des motifs aux nuances sépia entourent sinon recouvrent maisons et immeubles monochromes, desquels se dégage la question du sentiment d’appartenance. À la manière de palimpsestes, les compositions superposent ainsi les couches d’histoire en évoquant l’occupation soviétique, que celui ou celle qui regarde peut découvrir en gravitant autour d’elles.
Ilanit Illouz – Fisheye Gallery (SC09)
Les compositions expérimentales d’Ilanit Illouz brillent en ce moment même au stand de la Fisheye Gallery, présenté dans le secteur Curiosa, mais également dans le parcours Elles x Paris Photo, soutenu par le programme Women in Motion de Kering. Tirés de sa série Dolines, ses monochromes cristallisent des fragments du désert de Judée et des rives de la mer Morte. Recouverts de sel ramassé sur le terrain, son éclat met en relief une catastrophe bien moins reluisante : la surexploitation des ressources naturelles. En donnant à voir de manière sculpturale ce que l’activité humaine condamne à une fin inévitable, l’artiste interpelle alors le public sur un désastre écologique majeur. Sur place, à mesure que le regard balaye les œuvres exposées, ses multiples facettes semblent ainsi s’illuminer.
Le bonus de la rédac…
Constamment à la recherche d’innovation et d’artistes intrépides, la rédac n’a pas été déçue par la curieuse installation faisant face au stand de la maison d’édition tokyoïte Bookshop M (SE02). Composée des œuvres du célèbre photographe japonais Daidō Moriyama, The Tokyo Toilet est une ode audacieuse à ce lieu où nous passerions 2 à 3 ans de notre vie… Nous n’en dévoilerons pas davantage afin de vous laisser découvrir par vous-même. Et n’hésitez pas à vous servir !