Dans l’intimité des Romanes

08 avril 2019   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Dans l’intimité des Romanes

Dans Romanes, hors scène, la photographe française Sabrina Mariez a immortalisé l’intimité des artistes du cirque Romanes. Une série touchante, brisant les clichés liés à la culture tzigane.

Sabrina Mariez, née en 1976, est une photographe autodidacte. Dès l’enfance, fascinée par le 8e art, elle empruntait le boîtier argentique de son père pour capturer sa famille. Après avoir été mannequin, Sabrina Mariez est finalement repassée derrière l’objectif, en 2011. « J’en ai eu assez de me voir en images, je me sentais enfermée dans la vision des autres », explique-t-elle. Lassée par l’ordinaire, l’artiste aime représenter des « mondes fantasmés et cinématographiques, des anti héros tristes, ou non ». En déménageant à Paris, elle part à la recherche de sujets touchants : des poètes, des personnes hors du commun, qu’elle capture dans leur propre environnement.

Parmi eux, se trouvent les artistes du Cirque Romanes. « Ils font partie de ces personnages légendaires, précise-t-elle. Ce cirque est le dernier cirque familial tzigane itinérant d’Europe. À sa tête, il y a Delia, directrice artistique, seule tzigane au monde à avoir été décorée des Arts et des Lettres, et son époux, Alexandre Romanes, chef de famille, auteur, poète, Chevalier de la Légion d’honneur. » Une troupe d’artistes déterminés qui émeut Sabrina Mariez.

Simples, humains et romantiques

« Capturer les Romanes… autant essayer de capturer des lions »,

confie la photographe, qui, en arrivant au square Parodi, dans le 16e arrondissement – lieu de résidence du cirque – se retrouve confronter à une communauté libre, fière et vivant à son propre rythme. C’est en usant de patience que Sabrina Mariez gagne la confiance de ces artistes. Si la poésie de leur spectacle fait rayonner la culture tzigane depuis plus de 22 ans, en réunissant de nombreuses cultures et générations sous un même chapiteau, la photographe a souhaité les représenter dans leur intimité. En les photographiant dans leur caravane, à l’argentique, elle a noué avec eux des liens particuliers. Une vulnérabilité que les Romanes n’ont pas l’habitude de divulguer. « J’ai souhaité leur faire honneur en les montrant tels qu’ils sont : simples, humains, et romantiques », ajoute la photographe.

En sublimant le quotidien des Romanes – loin des paillettes et de la magie des spectacles – Sabrina Mariez dresse un portrait noble de la communauté. « J’espère ainsi briser le regard craintif, et parfois même haineux de notre monde, vis-à-vis des minorités culturelles », conclut l’auteure. Un projet émouvant, loin des clichés imposés par notre société.

© Sabrina Mariez© Sabrina Mariez
© Sabrina Mariez© Sabrina Mariez
© Sabrina Mariez© Sabrina Mariez
© Sabrina Mariez© Sabrina Mariez
© Sabrina Mariez© Sabrina Mariez
© Sabrina Mariez© Sabrina Mariez

© Sabrina Mariez

Explorez
Wolfgang Tillmans revient sur sa carte blanche au Centre Pompidou
Wolfgang Tillmans à la Bpi, janvier 2025 © Centre Pompidou
Wolfgang Tillmans revient sur sa carte blanche au Centre Pompidou
Le Centre Pompidou lui donne carte blanche jusqu’au 22 septembre 2025, dernier accrochage avant la fermeture du bâtiment pour cinq ans de...
03 juillet 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Marco Dos Santos fait feu de tout bois
© Marco Dos Santos
Marco Dos Santos fait feu de tout bois
Mais peut-il seulement tenir en place ? Depuis plus de vingt ans, Marco Dos Santos trace une trajectoire indocile à travers les scènes...
02 juillet 2025   •  
Écrit par Milena III
Pentax x Nation Photo x Fisheye : trois visions du surréalisme à Arles
© Melina Barberi
Pentax x Nation Photo x Fisheye : trois visions du surréalisme à Arles
À l’occasion des Rencontres d’Arles 2025, Fisheye Magazine, en collaboration avec Pentax et Nation Photo, a lancé un concours de...
01 juillet 2025   •  
Écrit par Fabrice Laroche
La sélection Instagram #513 : les yeux dans les yeux
© Miriana Corabi / Instagram
La sélection Instagram #513 : les yeux dans les yeux
À travers des autoportraits, des photographies de leurs proches et d'inconnu·es, les artistes de notre sélection Instagram de la...
01 juillet 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Arles 2025 : à la Galerie Triangle, la jeunesse a le dernier mot
© Nicolas Serve
Arles 2025 : à la Galerie Triangle, la jeunesse a le dernier mot
À l’occasion des Rencontres de la photographie d’Arles 2025, la Galerie Triangle revient avec GÉNÉRATION, un événement dense et...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Costanza Spina
L'été photographique de Lectoure : rassembler par l'image
Parce que. Ici., 2021-2025 © Anne Desplantez & les enfants du Sarthé
L’été photographique de Lectoure : rassembler par l’image
« Ensemble », l’édition 2025 de L’été photographique de Lectoure, met à l'honneur le collectif. Du 12 juillet au 21 septembre 2025, la...
04 juillet 2025   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Nous autres, une ode à l'amitié et à la mémoire queer
Autoportrait avec JEB, E. 9th Street, New York, 1970 © Donna Gottschalk, Courtesy de l’artiste et de Marcelle Alix
Nous autres, une ode à l’amitié et à la mémoire queer
Avec Nous Autres, Donna Gottschalk et Hélène Giannecchini avec Carla Williams, présentée jusqu’au 16 novembre 2025, le Bal signe une...
04 juillet 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Fisheye #72 : la photographie comme acte de résistance
© Luke Evans
Fisheye #72 : la photographie comme acte de résistance
À travers son numéro #72, Fisheye donne à voir des photographes qui considèrent leur médium de prédilection comme un outil de...
03 juillet 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet