« Certains éléments comme cette lumière vive, l’enfance et les souvenirs reviennent constamment dans ma recherche visuelle. »
Cette semaine, nous vous plongeons dans l’œil de Lorena Florio. Dans sa série Lacerazioni, elle donne une impression de tridimensionnalité, où des parties de corps photographiés conversent avec le soleil. Pour Fisheye, l’artiste italienne raconte son procédé technique et son appétence pour la quête de lumière et de souvenirs.
Née à Pescara, Lorena Florio découvre le médium photographique à l’adolescence. Rapidement, elle s’attache à expérimenter et manipuler les images, tant numériquement que physiquement. Pour sa série Lacerazioni, l’artiste a capturé des parties du corps de différentes personnes puis est intervenue directement sur les clichés. Elle incise la surface des tirages pour laisser filtrer la lumière solaire à travers les fentes créées. Elle met ainsi en évidence la tangible matérialité de la photographie, explorant les souvenirs, sondant l’enfance et révélant les mutations de la perception et de l’expérience humaine.
Mémoire recomposée
« Cette image fait partie de ma série Lacerazioni, réalisée en 2020. Elle représente une petite fille se baignant dans la mer qui, après avoir été sous l’eau, émerge et respire à nouveau.
La photographie est décontextualisée, car le Grand Bleu n’est plus visible, il est devenu noir. Ses yeux sont fermés, pris sous l’impact direct du soleil qui la frappe. Certains éléments comme cette lumière vive, l’enfance et les souvenirs reviennent constamment dans ma recherche visuelle. Je me sens toujours obligée de les saisir avec mon appareil photo. Une mémoire altérée et recomposée se manifeste en un amalgame de sensations, d’instants, d’odeurs, de lieux, de visage et de choses. Dans Lacerazioni, la découpe génère un espace, même infime, qui ampute l’image. Seuls des fragments persistent. La surface du papier, absorbant la lumière, à la fois remplit et anéantit le sujet. »