« Ce que je trouve intéressant, ici, c’est qu’un phénomène naturel a conduit à la création d’un mythe, et c’est justement ce que je souhaite faire dans un contexte moderne. »
Aujourd’hui, plongée dans l’œil de Massimiliano Corteselli, auteur de la série Contrapasso. Dans ce projet au long cours, dont nous parlions déjà il y a quelques semaines, le photographe italien tisse une analogie entre l’enfer dantesque et les incendies méditerranéens. Pour Fisheye, il revient sur l’une de ses images et nous révèle l’histoire qu’elle renferme.
« Lors d’un voyage en Turquie, je me trouvais près d’Antalya, où l’un des plus grands feux de forêt s’est produit en 2022. Alors que je photographiais les arbres et les maisons ravagées par les flammes, toute cette destruction environnante, un ami, qui jouait également les interprètes, m’a parlé du mont Chimère. Cet endroit se caractérise par des gaz qui sortent de la terre et brûlent éternellement, depuis des millénaires. La mythologie s’est d’ailleurs inspirée de ce phénomène naturel pour créer la Chimère, ce monstre crachant du feu, à la fois serpent, lion et chèvre. Son seul but est d’apporter la peur et l’horreur dans ce monde. Il s’agit d’une sorte d’élément démoniaque.
Dans Contrapasso, j’essaie également d’inclure la mythologie et les contes populaires à cet univers dantesque. Le paysage méditerranéen a toujours été une toile pour ce type de récits. Ce que je trouve intéressant, ici, c’est qu’un phénomène naturel a conduit à la création d’un mythe, et c’est justement ce que je souhaite faire dans un contexte moderne. Je pars d’un fait observable pour tisser un lien entre la réalité d’un territoire et un symbole. C’est une image très importante pour ce projet et probablement celle que j’aime le plus. »