Dans l’œil de Nolwen Michel : l’amour bafoué

22 janvier 2024   •  
Écrit par Milena III
Dans l'œil de Nolwen Michel : l'amour bafoué
© Nolwen Michel
NolwenMichel
« La veille du démarrage d’un des plus gros projet de ma vie, mon copain de l’époque m’annonce qu’il m’a trompée. »

Cette semaine, plongée dans l’œil de Nolwen Michel. Jeune photographe rennaise pour qui le souvenir constitue le déclencheur d’une œuvre sobre et esthétisée, elle aime représenter les corps féminins, leur force et leur histoire. Pour Fisheye, elle revient sur l’une de ses images les plus marquantes.

« Cette photographie naît dans un contexte assez personnel puisque c’est un autoportrait. La veille du démarrage d’un des plus gros projet de ma vie, mon copain de l’époque m’annonce qu’il m’a trompée. J’encaisse, j’exécute mon projet qui dure deux semaines, je me nourris de cigarettes, de sandwichs et de larmes. Mon projet se termine, je me retrouve seule. Alors c’est la panique. Je ne me sens pas bien, j’ai besoin de verbaliser mes émotions. Je n’y arrive pas, je prends donc mon appareil et j’y vais, à l’instinct. Je me retrouve nue dans mon appartement, confrontée à moi-même. En deux heures, la photo est prise, retouchée et postée. J’accompagne le portrait par ces mots qui résonnent en moi : « Debout ruisselante de larmes, je te regarde te poignarder. » Sur l’instant je ne réalise pas la dualité de cette image au visuel très doux et apaisant. Elle ne traduit ni mes mots, ni ce que je vis à ce moment là, mais j’étais soulagée de l’avoir réalisée. 

Quelques mois plus tard, je comprends enfin sa signification. Mes images, aussi simples soient-elles, sont l’expression de mes dénis. Dans ce cas en particulier, je projetais déjà mon envie de liberté, de douceur et de fragilité. Inconsciemment, je me donnais l’autorisation d’être et de ressentir à un moment où je n’existais plus.  Je me projetais libre, douce, fragile, plus légère. Rendre publique cette photographie, c’était aussi me sentir désormais validée et reconnue aux yeux de tous·tes, là où j’avais été bafouée par l’unique être aimé. »

À lire aussi
Ann Massal et les amours violentes qui nous façonnent
Ann Massal et les amours violentes qui nous façonnent
À l’occasion du festival Circulation(s), qui se tient jusqu’au 21 mai 2023, nous avons pu rencontrer Ann Massal, qui expose un…
24 avril 2023   •  
Écrit par Milena III
Ana Vallejo : « Plus que sexuelle, la dépendance amoureuse est psychologique »
Ana Vallejo : « Plus que sexuelle, la dépendance amoureuse est psychologique »
Artiste multimédia formée en biologie, Ana Vallejo est aussi accro à l’amour. Et durant la pandémie, son addiction a dégénéré. Dans son…
03 avril 2023   •  
Écrit par Anaïs Viand
Explorez
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
© Arpita Shah
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
À travers sa série Nalini, la photographe indo-britannique Arpita Shah explore l’histoire de sa famille et des générations de...
Il y a 6 heures   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Caroline Furneaux : l'amour en boîte
Rosa, The Mothers I Might Have Had © Caroline Furneaux
Caroline Furneaux : l’amour en boîte
Dans son ouvrage The Mothers I Might Have Had, Caroline Furneaux exhume l'archive intime de films 35 mm de son père décédé pour une...
11 septembre 2025   •  
Écrit par Lou Tsatsas
InCadaqués Festival : Lieh Sugai remporte le Premi Fotografia Femenina 2025
© Lieh Sugai
InCadaqués Festival : Lieh Sugai remporte le Premi Fotografia Femenina 2025
Le Premi Fotografia Femenina Fisheye x InCadaqués a révélé le nom de sa lauréate 2025 : il s’agit de Lieh Sugai. Composée de...
10 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
L'errance incarnée par Alison McCauley
© Alison McCauley, Anywhere But Here
L’errance incarnée par Alison McCauley
Avec Anywhere But Here (« Partout sauf ici », en français), Alison McCauley signe un livre d’une grande justesse émotionnelle. Par une...
10 septembre 2025   •  
Écrit par Milena III
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
© Arpita Shah
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
À travers sa série Nalini, la photographe indo-britannique Arpita Shah explore l’histoire de sa famille et des générations de...
Il y a 6 heures   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Samuel Bollendorff : comment alerter sur la crise écologique ?
#paradise - curateur : Samuel Bollendorff.
Samuel Bollendorff : comment alerter sur la crise écologique ?
Le festival de photojournalisme Visa pour l’image revient pour sa 37e édition jusqu'au 14 septembre 2025. Parmi les 26 expositions...
Il y a 10 heures   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Couldn’t Care Less de Thomas Lélu et Lee Shulman : un livre à votre image
Couldn't Care Less © Thomas Lélu et Lee Shulman
Couldn’t Care Less de Thomas Lélu et Lee Shulman : un livre à votre image
Sous le soleil arlésien, nous avons rencontré Lee Shulman et Thomas Lélu à l’occasion de la sortie de Couldn’t Care Less. Pour réaliser...
11 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Caroline Furneaux : l'amour en boîte
Rosa, The Mothers I Might Have Had © Caroline Furneaux
Caroline Furneaux : l’amour en boîte
Dans son ouvrage The Mothers I Might Have Had, Caroline Furneaux exhume l'archive intime de films 35 mm de son père décédé pour une...
11 septembre 2025   •  
Écrit par Lou Tsatsas