Avec sa série Phœnix, le photographe Clément Marion offre un point de vue sensible sur le corps des grands brûlés. Un sujet qui questionne autant la représentation de soi que le regard de notre société.
« Quand est-ce que vous avez vu un grand brûlé pour la dernière fois ? Vous n’en avez pas vu ? C’est normal, ces gens-là se cachent. » C’est cette phrase qui a éveillé chez Clément Marion, un jeune photographe basé en région Toulousaine, la volonté de connaître et d’aider une cause particulière : les grands brûlés. Devenu essentiel de « donner à voir », il va alors s’interroger sur la différence, l’acceptation de soi et le regard des autres.
Pourtant, rien ne prédestinait Clément Marion à embrasser cette thématique. Des grands brûlés, il en avait vu peu, lui aussi. « L’un d’eux habitait mon village, confie-t-il, je ne connaissais pas vraiment son histoire. Il portait de grandes lunettes noires et, du haut de mes quatre ou cinq ans, j’étais un peu fasciné je crois. » C’est ainsi que le photographe a commencé à se documenter et prendre contact avec celles et ceux qui deviendront ses modèles.
Comme le ferait la peau
Au-delà des interrogations sociétales et philosophiques que pose la condition des grands brûlés, ce thème relève également pour Clément Marion d’un intérêt plastique certain. C’est pourquoi il a adapté sa technique : « J’ai décidé d’utiliser le collodion humide pour traiter ce sujet. Le parallèle entre cette texture et celle de la peau cicatrisée des grands brûlés était évident. En séchant, cette pellicule finit par se durcir, se rétracter et parfois se craqueler, comme le ferait la chair d’un grand brûlé ». De plus, comme il le précise, le collodion humide est principalement composé de deux produits (le collodion Cooper et le nitrate d’argent) qui, séparément, sont utilisés en médecine pour le traitement de la peau et la cicatrisation.
Aujourd’hui, tout en se consacrant à de nouvelles réalisations, il souhaite poursuivre la série Phœnix en se tournant vers de plus grands formats, et prépare des expositions autour de ce projet. S’il ne peut pas réparer les corps, il essaye de réparer les âmes. Et pour ne pas limiter son engagement à son seul travail d’artiste photographe, Clément Marion veut sortir ses modèles de leur cadre. « Avec une des amies qui a posé pour moi, explique-t-il, nous voulons éditer un recueil à but thérapeutique avec ses textes et mes photos. Ce petit livre sera distribué à des professionnels qui l’utiliseront comme support dans leurs démarches de soin ». Si vous désirez soutenir leur projet, vous pouvez le faire à travers une cagnotte Ulule ouverte jusqu’à mi-décembre.
© Clément Marion