À l’occasion des dix ans de Fisheye, les membres de sa rédaction reviennent, à tour de rôle, sur trois éléments qui les ont marqué·es : une rencontre, une œuvre photo, un événement. Lumière cette semaine sur la sélection d’Éric Karsenty, rédacteur en chef de Fisheye Magazine.
L’événement : le hors-série des Rencontres
En réalisant l’album hors-série des 50 ans des Rencontres d’Arles, en juillet 2019, j’ai été amené à me documenter sur les origines de cette manifestation qui demeure aujourd’hui encore le plus grand événement photo au monde. J’ai pris conscience à cette occasion que, si j’étais absent des premières décennies où j’étais enfant, j’avais aussi assisté à pas mal d’éditions au en totalisant mes années d’étudiant à l’ENP, puis mon parcours professionnel à différents postes. J’ai grandi au milieu des Rencontres, et aussi beaucoup grâce à elles. Cet album anniversaire devenait progressivement, du moins en partie, mon propre album.
La rencontre : Maryse Cordesse
Au cours de la préparation de ce numéro, j’ai interviewé quelques-uns des créateurs de cette manifestation, et notamment Maryse Cordesse, qui a longtemps œuvré dans les coulisses des Rencontres, et qui a notamment permis la naissance de l’ENP en 1982. Ses relations avec Lucien Clergue, le fondateur historique sans qui rien n’aurait existé, et l’importance d’Alain Desvergnes (directeur des Rencontres durant cinq ans, et premier directeur de l’ENP) dans le développement de la place d’Arles sur la scène photographique m’ont permis de comprendre l’importance du casting, du choix des hommes et des femmes, avec leurs qualités et leurs défauts, dans la réussite d’un projet.
L’œuvre : Véronique Ellena
Un an avant cet anniversaire, en 2018, je découvrais la rétrospective de Véronique Ellena au musée Réattu. Je ne sais encore pourquoi j’étais passé à côté de cette œuvre riche, sensible et variée. Cette femme photographe française semblait, pour moi, être passée sous les radars malgré ses nombreuses expositions. Peut-être que les livres et revues que j’avais pu consulter n’étaient pas les bons, ou peut-être était-elle sous-exposée dans la critique photographique de l’époque. Je garde en mémoire de cette exposition un superbe portrait qui figurait sur l’affiche et le catalogue de cet événement. Une image qui ferait l’objet d’une pleine page dans l’album des 50 ans, un cliché extrait de la série Ceux qui ont la foi, intitulé sobrement « Le Cycliste ».