La cité de la musique – Philharmonie de Paris accueille jusqu’au 28 avril 2019 Doisneau et la musique, une rétrospective composée de plus de 200 clichés signés par Robert Doisneau.
L’exposition est conçue comme un parcours visuel emportant le visiteur dans les rues de Paris, au rythme des rencontres musicales du photographe. Réalisées au cours de ses pérégrinations ou pour des commandes pour la presse, plus de deux cent photographies dévoilent les célébrités de la musique. Parmi elles, Barbara, Georges Brassens ou encore les Rita Mitsouko. Et aux côtés des stars, le spectateur pourra découvrir des musiciens de rue et de fanfares. Dans la série La balade de Pierrette d’Orient (1953), le visiteur pourra suivre les pas d’une accordéoniste jouant dans les bars de la Villette et dans Ballade pour violoncelle et chambre noire (1981), c’est l’acteur et violoncelliste Maurice Baquet qui fera le guide. Faire ressentir la musique à travers les images. C’est ainsi que les commissaires d’exposition Clémentine Deroudille – petite-fille du photographe – et Stephan Zimmerli ont pensé la scénographie. Et la note finale, la collaboration avec le groupe Moriarty qui signe la bande sonore.
La photographie par l’oreille
Comment photographier la musique ? Comment figer un son ? Quel est le lien entre un musicien de rue, un jazzman et une stars des années 80 ? « Dans mon école idéale de photographie, confiait Robert Doisneau, il y aurait un professeur de musique. On ne formerait pas des virtuoses du violon, mais on expliquerait le rôle de la musique qui donne une lumière sur les civilisations passées, formation complémentaire très nécessaire ». Dès son enfance, Robert Doisneau s’est intéressé à la musique autant qu’au 8e art. Deux photographies d’archive en témoignent. Il apparaît avec son violon dans la première et dans la seconde, prise par sa femme, on le découvre en train de jouer de la flûte. « Je prétends toujours que je suis venu à la photographie par l’oreille : j’ai raclé le violon quand j’étais jeune à partir de l’âge de cinq ans, se souvient-il. J’étais avec un professeur très élégant, il plaisait beaucoup aux dames. Son pupitre était installé sous une grande glace. Je voyais la demoiselle qui donnait les leçons de piano avec les cheveux comme un soleil et mon professeur de violon l’observer avec attention. Dans mon rétroviseur improvisé, commençait alors un ballet dont j’étais le chef d’orchestre… Mon sens de l’observation est devenu très aigu ». La photo et la musique sont intrinsèquement liées dans l’univers de Doisneau, l’une source d’inspiration pour l’autre. Cependant, très peu d’instruments apparaissent dans ses images. Le photographe saisit l’insaisissable à la volée, à travers les expressions et les gestes. Armé de son Rolleiflex, il capture l’esprit des artistes derrière les instruments, pénètre dans le studio de l’artiste, se rapproche de celui-ci dans les rues et le suit dans ses errances. Le photographe de musique Christian Rose affirmait dans un entretien que « ce ne sont pas des photos de musique qu’on fait mais des photos de musiciens. Et pour faire des photos de musiciens, il faut surtout aimer la musique ». Passionné par la musique et par l’humain, Robert Doisneau fait revivre l’esprit de ces musiciens dans cette bal(l)ade photographique.
© Atelier Robert Doisneau
© Robert Doisneau / Gamma Rapho
© Atelier Robert Doisneau
© à.g. Robert Doisneau / Gamma Rapho, © à.d. Atelier Robert Doisneau
© Robert Doisneau / Gamma Rapho
© Robert Doisneau / Gamma Rapho
Image d’ouverture © Robert Doisneau / Gamma Rapho