Elsa & Johanna : portrait intimiste de Moormerland

12 août 2023   •  
Écrit par Costanza Spina
Elsa & Johanna : portrait intimiste de Moormerland
© Elsa&Johanna
© Elsa&Johanna

© Elsa&Johanna

Après le succès de leur exposition personnelle au Studio de la MEP l’an dernier, Elsa & Johanna sont de retour avec The Timeless Story of Moormerland, une série réalisée en Allemagne en 2021, en pleine crise sanitaire, qui témoigne du talent des deux artistes pour l’autofiction et la mise en scène. Du 19 octobre au 2 décembre à la Galerie La Forest Divonne.

Moormerland est un petit village allemand à la frontière hollandaise. A l’apparence ordinaire et sans histoire, ce lieu d’attente et de solitude captive pourtant l’imagination des photographes Elsa & Johanna, qui y passent quatre semaines en 2021, en pleine crise sanitaire. Naît ainsi la série The Timeless Story of Moormerland, conçue comme un album de famille, mêlant des portraits en intérieur, des photographies spontanées, des paysages ou des natures mortes qui donnent naissance à de multiples récits visuels. Du 19 octobre au 2 décembre, la Galerie La Forest Divonne exposera la série en faisant suite à la grande rétrospective ayant eu lieu en Allemagne en 2021 à la Städtische Galerie de Karlsruhe mais surtout, à l’exposition qui a ouvert la saison 2022 du Studio de la MEP à Paris. « Travaillant à la croisée de la photographie, de la performance et de la vidéo, elles réalisent depuis leur rencontre des récits visuels dont elles sont les interprètes. Le recours à l’autofiction, au cœur de l’œuvre d’Elsa & Johanna, leur permet de mettre en scène des personnages affranchis de leur propre identité, interrogeant au passage l’individu contemporain, les notions de représentation de soi et d’anonymat » écrivait Simon Baker, directeur de la MEP.

Moormerland : un quotidien intimiste et fantasmé

Pour cette série, le duo choisit l’argentique et la lumière naturelle, offrant un rendu coloré saisissant et très saturé. Les points de vue inattendus et la finesse de ton des couleurs rappellent le travail de William Eggleston, un photographe qui a beaucoup inspiré les jeunes artistes. Ces images immortalisent des lieux d’attente, de solitude, d’ennui et de monotonie, qui s’entrechoquent pourtant avec les tons saisissants. La mise en scène cinématographique nous plonge dans un storytelling efficace, qui transforme Moormerland en un terrain de découverte intimiste passionnant. Elsa & Johanna se mettent dans la peau de personnages qui pourraient exister réellement. Elles en imaginent les habitudes, le milieu social, l’histoire familiale, et même le prénom, afin de les incarner de la manière la plus réaliste possible. « Dans notre pratique, nous souhaitons vivre et proposer une expérience humaine et sensible. Une expérience qui appelle le·a regardeur·se à se confronter à son propre système de projection, à son propre rapport à l’Autre, ainsi qu’aux mécanismes de sa mémoire individuelle et collective, expliquaient-elles dans une interview pour Elle x Paris Photo. Dans cette perspective, notre engagement est de créer des histoires et des personnages sensibles et authentiques, et de jouer nos performances photographiques de la manière la plus honnête possible. Il n’est pas un personnage que nous avons imaginé ou créé pour qui nous n’avons pas d’empathie. »

© Elsa&Johanna
© Elsa&Johanna

© Elsa&Johanna
Explorez
23 séries de photographies qui prennent vie en musique
Les membres originaux du groupe Oasis, Japon, 1994 © Dennis Morris
23 séries de photographies qui prennent vie en musique
En ce premier jour de l’été, partout en France, la musique est à l’honneur. À cet effet, nous vous avons sélectionné une série de...
20 juin 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Archevêché by Fisheye : une 2e édition haute en couleur
© Marie Meister
Archevêché by Fisheye : une 2e édition haute en couleur
Du 7 au 12 juillet 2025, Fisheye investit la cour de l’Archevêché, lieu de rendez-vous incontournable du ()ff des Rencontres d’Arles, au...
19 juin 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
Vincen Beeckman s’invite à Marseille
© Vincen Beeckman
Vincen Beeckman s’invite à Marseille
Pendant sept semaines, au fil de plusieurs séjours, Vincen Beeckman a sillonné la ville, non pas comme un touriste ni même un photographe...
14 juin 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Ilanit Illouz au bord de l'Etna
© Ilanit Illouz
Ilanit Illouz au bord de l'Etna
Le Studio de la MEP présente Au bord du volcan, une exposition d'Ilanit Illouz. Cette expérimentation visuelle et plastique à partir de...
12 juin 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Marie-Laure de Decker à la MEP : le regard sensible d’une photojournaliste
Valéry Giscard d’Estaing devant sa télévision, le soir de son élection comme président de la République française, Paris, 19 mai 1974 © Marie-Laure de Decker
Marie-Laure de Decker à la MEP : le regard sensible d’une photojournaliste
Jusqu’au 28 septembre 2025, l’œuvre de Marie-Laure de Decker s’expose à la Maison européenne de la photographie. Au fil de sa carrière...
Il y a 6 heures   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les coups de cœur #548 : Konrad Hellfeuer et Lucie Boucher
Diversum © Konrad Hellfeuer
Les coups de cœur #548 : Konrad Hellfeuer et Lucie Boucher
Konrad Hellfeuer et Lucie Boucher, nos coups de cœur de la semaine, invitent à ralentir, observer et contempler. Interrogeant les thèmes...
Il y a 10 heures   •  
Écrit par Lucie Donzelot
Les images de la semaine du 16 juin 2025 : expositions, mode et esthétique variées
Entrelacs © Manon Bailo
Les images de la semaine du 16 juin 2025 : expositions, mode et esthétique variées
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye ont été façonnées par des expositions en cours ou à venir, la remise du prix...
22 juin 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Caroline Sohie : « La beauté des images n’est pas sans conséquence, elle a un poids »
© Caroline Sohie
Caroline Sohie : « La beauté des images n’est pas sans conséquence, elle a un poids »
Autrefois carrefour de la traite et du commerce colonial, Bagamoyo, sur la côte tanzanienne, juste en face de Zanzibar, est aujourd’hui...
21 juin 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas