Fisheye Magazine : Pourquoi es-tu devenu photographe ?
Edouard Sepulchre : Pour me connecter au le réel et parce que j’avais envie de raconter des histoires en images. Avant je travaillais dans une agence de publicité. Un jour j’ai ressenti le besoin d’aller voir ailleurs, de retrouver le terrain.
Comment décrirais-tu ton approche de la photographie ?
C’est un processus de reconstruction de mon expérience du réel. Le terrain c’est comme de la patte à modeler, une matière première à laquelle ont peut donner une certaine forme.
Peux-tu nous présenter ta série « Rodeo Car Family », en quelques lignes ?
Ce qui m’a frappé en arrivant, c’était la liberté qui régnait dans l’atmosphère. La piste de Stock Car est un grand terrain de jeu pour toute la famille, de la petite fille jusqu’au grand-père.
Comment as-tu eu l’idée de ce sujet ?
Au départ, je suis parti dans le nord avec l’idée de faire un travail en trois parties. J’ai déambulé en voiture et un jour je suis tombé sur cet événement par hasard. J’y suis ensuite retourné à plusieurs reprises.
Qui sont les gens qui apparaissent dans tes images ? Comment les as-tu connus ?
Je les ai rencontré sur place. En arrivant là bas j’ai commencé à prendre des photos sans rien demander. Personne n’avait l’air gêné, donc j’ai continué.
Est-ce que tu les fais poser ? Si oui, pourquoi ?
Non, je voulais capter le naturel et ses petits accidents. Sur place il y a une agitation permanente, tout le monde est en mouvement. Je voulais qu’on ressente cette liberté de mouvement.
Quelle est leur histoire avec ce sport ? Qu’est-ce que cette pratique représente à leurs yeux ?
La plupart le pratique de génération en génération. C’est la raison pour laquelle il y a souvent quatre générations d’une même famille présentent sur place. Tous sont mécanos et beaucoup sont garagistes. Ils passent leur temps à réparer les voitures et n’hésitent pas à changer des pièces à la dernière minute. Ils n’ont pas de gros moyens mais dépensent quand même prés de 2000 euros pour préparer une voiture. Ils le font pour le plaisir car il n’y a rien à gagner, pas de coupes, pas de prix, juste la joie de revenir avec des bons souvenirs et de faire la fête. C’est un rendez-vous biannuel qu’ils ne rateraient pour rien au monde.
Est-ce que c’est un reportage, un documentaire ? Quelle a été ta démarche ici ?
Pour cette série en question je suis un peu entre les deux. J’ai pris ces photos en mode reportage, mais le traitement et la composition de certaines images peut faire penser à une écriture documentaire.
C’est une série qui sort un peu de tes sujets de prédilection, non (notamment tes séries de paysages suspendus dans l’absence) ?
Oui et non, car c’est un retour à mes sujets du début (je pense à mes images de roller derby féminin notamment). C’est parce que j’aime bien photographier les paysages désertiques que j’ai besoin, de temps en temps, de retourner vers des sujets photo plus vivants – et où, ce qui m’intéresse c’est de saisir les corps en mouvement.
Quelle est ton image préférée de « Rodeo Car Family » ?
J’aime beaucoup la photo d’ouverture : celle de la famille autour d’une voiture, où une femme tend sa bière vers l’objectif comme pour dire, « À la tienne ! » Elle résume bien l’ambiance sur place. Il y a trois générations autour de ce véhicule. Les enfants rentrent et sortent des voitures exactement comme à travers les constructions des aires de jeux pour enfants.
Trois mots pour décrire ta série ?
Liberté, enfance, transmission.
Propos recueillis par Marie Moglia
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