Exposée au Festival Circulation(s), la série Le soleil des loups de la photographe Marine Lanier explore les relations entre Homme et nature, et les bouleversements de l’adolescence. Un travail subtil et onirique.
Diplômée de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles en 2007, Marine Lanier étudie, à travers son œuvre, la relation entre l’Homme et la nature. « J’essaie de capturer la façon dont un paysage, ou des éléments naturels peuvent influencer l’être humain », précise-t-elle. Sa série Le soleil des loups, exposée au Festival Circulation(s), suit deux adolescents, Florentin et Émilien, évoluant dans leur territoire.
« Ils habitent dans une région d’Ardèche située au-dessus d’un ancien volcan. Son activité a créé ce que l’on appelle en géologie un relief inversé : les anciennes couches de l’écorce terrestre se trouvent à la surface, tandis que les plus récentes demeurent enfouies », explique la photographe. Une réaction naturelle singulière et symbolique des bouleversements de l’adolescence. Marine Lanier a rencontré Florentin, l’aîné des deux frères au cours d’une résidence d’artistes. « Sa personnalité et son élan de vie m’ont frappée », confie-t-elle. C’est en faisant connaissance avec sa famille qu’elle découvre Émilien. L’un en pleine transformation, et l’autre encore à la frontière de l’enfance. Deux modèles fascinants qu’elle photographie durant trois ans.
Une aventure primitive et poétique
Le soleil de loups
superpose les esthétiques et les formats. À la manière des couches géologiques, les images se mélangent, jouant avec les couleurs et les monochromes. Une distinction importante pour l’artiste. « Mon noir et blanc est plutôt un gris ; comme une cendre qui serait déposée sur la nature et les hommes. Une sorte d’hommage au volcan », confie-t-elle. Ses clichés en couleurs évoquant, quant à eux, le rêve, la prémonition. Les tons psychédéliques se teintent d’irréels et invoquent l’onirisme. Un thème cher à Marine Lanier, qui souhaite créer un territoire intemporel, entre songe et réalité, entre passé et futur.
Joueurs, Florentin et Émilien fusionnent avec l’espace. Ils s’enfoncent sans peur dans la forêt et communiquent avec la nature. « Ils suggéraient parfois même des mises en scène, ajoute l’auteure. Photographe et modèle deviennent ainsi coauteurs de l’image. » En alternant les zones d’ombre et d’éblouissement, Marine Lanier fait de son Soleil des loups un récit fantastique et organique. Une métaphore subtile des émotions contradictoires de l’adolescence, entre besoin d’appartenance à un clan, et désir d’indépendance. Les noms des images – Sanctuaire, L’Ancêtre, Le Guetteur, Les Racines, Le Repaire, Totem… – renvoient à un récit d’aventures, loin de l’espace urbain. Un environnement sauvage et primitif, régi par l’instinct.
© Marine Lanier