Du 26 juin au 29 septembre le Pavillon Populaire de Montpellier exposera Eudora Welty et Gabriele Münter, deux femmes artistes majeures du 20e siècle qui ont marqué les débuts de la photographie.
Avec l’exposition Au début de la photographie, le Pavillon Populaire met en lumière deux femmes photographes qui ont eu comme point commun de débuter leur carrière par la photographie, avant de se consacrer à l’écriture et à la peinture : Eudora Welty et Gabriele Münter. La première, devint une grande novéliste qui obtiendra le Prix Pulitzer en 1973 pour son roman La Fille de l’optimiste, dans lequel elle décrit le Sud des États-Unis. Gabriele Münter rejoindra le mouvement Der Blaue Reiter et fut l’une des représentantes de l’avant-garde expressionniste munichoise. Les regards photographiques des deux femmes sont mis face à face et décrivent le Sud-Est des États-Unis au plus près du réel. Münter retrouve de l’autre côté de l’Atlantique sa famille émigrée et vit un véritable voyage initiatique, qui la mène au cœur des grands paysages naturels étasuniens. Welty se penche sur sa région d’origine, le Mississippi, traversée par une grande pauvreté systémique et par le racisme endémique qui la caractérise. Dans son reportage, elle raconte la condition des femmes noires.
Dépasser les limites d’un art à ses débuts
La description du paysage et d’une société complexe est propre aux deux artistes. Chacune explore par la photographie l’art qu’elle choisira par la suite, à la fois dans la composition du paysage et dans la question de la narration. Eudora Welty décrit le territoire de sa naissance, la ville de Jackson, et elle dépeint une civilisation décrépie, en plein dans la crise économique des années 1930, en proie à un racisme systémique féroce. Initiée à la photographie par son père, l’autrice ne délaisse aucun détail : le cadrage, la composition, la chimie. Le snapshot lui permet une certaine spontanéité. Comme le relève le commissaire Gilles Mora, « sa pratique photographique ne semble pas souffrir de ce contexte particulier : nulle nostalgie du passé dans ses images, pas plus qu’un malaise dû aux conflits racistes ».
La photographe, engagée dans les luttes antiracistes, affirmait à propos de ses images : « Je crois que la valeur de ces photographies n’a rien à voir avec la façon dont elles ont été prises, mais bien plutôt dans leurs sujets eux-mêmes ». Pour Gabriele Münter, ce voyage est décisif et façonne sa personnalité. Après la figure humaine, le paysage constitue le sujet principal de sa démarche. « L’immensité de ces paysages sans fin fascinait Münter et la photographie représentait la technique parfaite pour restituer ses impressions » explique la commissaire Isabelle Jansen. Cette dernière capturait le paysage depuis le chariot sur lequel elle voyageait. Les chevaux devenant ainsi partie intégrante de la prise de vue et rendaient bien cette atmosphère de voyage, comme le relève Isabelle Jansen. Les deux artistes ont en commun d’aller au-delà de la photographie et d’y apporter un avant-goût d’écriture et de peinture, afin de dépasser les limites de cet art encore à ses débuts.