Trois expositions, à découvrir jusqu’au 21 décembre, ouvrent la saison 2025 du Hangar à Bruxelles. Entre urgence climatique, récit intime et mémoire culturelle, Nick Brandt, Charlotte Abramow et Maryam Firuzi proposent trois voyages visuels qui, chacun à leur manière, interrogent notre capacité à transmettre face à la fragilité du monde.
Après AImagine, le Hangar inaugure la rentrée 2025 avec une triple exposition qui résonne puissamment avec nos préoccupations contemporaines. Jusqu’au 21 décembre 2025, le centre d’art bruxellois convie le public à un voyage photographique à travers trois univers, trois sensibilités, trois manières d’interroger les fragilités de notre temps. Avec The Day May Break, l’artiste britannique Nick Brandt poursuit son travail autour des bouleversements climatiques et des migrations humaines et animales qu’ils entraînent. Charlotte Abramow, photographe belge installée à Paris, revisite son projet intime Maurice, Tristesse et rigolade, consacré à la fin de vie de son père, entre douleur et réinvention joyeuse. Quant à l’Iranienne Maryam Firuzi, elle dévoile When the Earth Still Had a Feminine Name, un parcours au cœur des racines culturelles de son pays, porté par des communautés de femmes qui conjuguent mémoire et création. À travers ces trois regards, le Hangar propose un récit collectif qui explore à la fois la finitude, la transmission et la possibilité de nouveaux commencements.
La transmission face à la fragilité du monde
Nick Brandt, Charlotte Abramow et Maryam Firuzi explorent des territoires différents – le dérèglement climatique, l’expérience de la fin de vie, l’héritage culturel iranien –, mais un même fil les relie : celui de la transmission face à la fragilité du monde. Dans The Day May Break, Nick Brandt compose des portraits où humain·es déplacé·es et animaux réfugiés apparaissent ensemble, enveloppé·es d’une brume qui brouille les frontières entre allégorie et documentaire. Chaque image semble suspendue dans un temps intermédiaire, comme si la fin d’un monde et l’aube d’un autre coexistaient dans la même respiration. Pour la première fois, l’intégralité de ce cycle monumental est présentée au Hangar, avec en avant-première un quatrième chapitre inédit. Par ce travail, Nick Brandt ne se contente pas de documenter l’urgence écologique : il crée des tableaux où tendresse et désolation cohabitent, rappelant que la catastrophe ne supprime pas la possibilité d’un choix. Le photographe invite à ralentir, à regarder ces visages venus de contrées souvent marginalisées dans les débats climatiques, et à entendre leur dignité silencieuse comme un appel à l’action. Avec Maurice, Tristesse et rigolade, Charlotte Abramow part de son histoire familiale pour inventer un langage fait de regards, de gestes et de complicité avec son père. Ce récit intime devient un hommage à la tendresse et à la résilience, une mémoire personnelle qui se transforme en expérience collective. Quant à Maryam Firuzi, elle sillonne plus de 60 000 kilomètres pour rencontrer les femmes qui préservent et réinventent l’héritage de l’Iran. Dans When the Earth Still Had a Feminine Name, broderies et récits se mêlent aux paysages pour faire surgir une vision où l’effacement se retourne en présence. Réunis au Hangar, ces trois univers témoignent chacun à leur manière d’une même urgence : transmettre ce qui peut l’être, pour que de la perte, du désastre ou de l’oubli, naisse encore une possibilité de partage et de renaissance.