À 27 ans, Boris Allin, dit Boby, partage son temps entre reportages pour Libération, portraits et photos de concerts. Une diversité de pratiques qui ne l’empêche pas de revendiquer une certaine forme d’engagement photographique.
Vous connaissez sans doute ses images publiées dans Libération, rubrique politique, ou ses portraits en pages culture et au dos du quotidien. Boris Allin, dit Boby, partage son temps entre ses productions pour les groupes de musique, qu’il suit depuis longtemps, et ses commandes pour la presse. C’est une de ces photos réalisées pour Libération qui est aujourd’hui en couv’ de Fisheye.
Envoyé pour faire des « ambiances » à Clichy- sous-Bois à l’occasion du 10e anniversaire de la mort de Zyed et Bouna – un drame qui avait mis le feu aux banlieues en 2005 –, Boby se retrouvait à galérer à la recherche d’images, sans angle précis. Il traînait au café, se faisait violemment contrôler par la BAC, et finissait par rencontrer un petit groupe de gamins avec qui il avait sympathisé. Ces derniers lui ont proposé « une visite la cité », en passant par une tour abandonnée de quinze étages qui dominait le quartier. C’est là qu’il a réalisé les portraits des jeunes en ombre chinoise, et les a montés en surimpression avec des clichés de la tour faits de l’extérieur.
« Mon engagement se voit surtout dans le choix du journal pour lequel je travaille, même si je n’adhère pas forcément à tous les éditos », souligne Boby, en souriant derrière sa grosse barbe. Il nous parle de cette image d’un migrant reconduit en bus par la Mairie de Paris, qu’il isole dans son cadre avec la mention « Issue de secours » au-dessus de lui. Ou encore d’une photo où l’on voit la statue de la place de la République, à Paris, cernée par des reflets de CRS. « J’essaie d’être le plus honnête possible. J’aime bien faire des images un peu drôles, mais qui font réfléchir. Parfois, on est militant malgré soi. » L’univers de Boby est à retrouver dans une vidéo de la série Perception sur notre site.
© Boris Allin
Vidéo © Nina Peyrachon