C’est l’heure du rendez-vous Focus ! Cette semaine, Anna Szkoda revient sur Sirius. Dans cette série, la photographe germano-polonaise illustre un fait divers dans lequel la réalité se confond avec la fiction et dont l’issue aurait pu se révéler dramatique.
Vous le savez, au sein de la rédaction Fisheye, on aime autant les photos que leurs récits ! Alors nous avons lancé, en mars 2022, un objet multimédia dont le 61e épisode sort ce mercredi. Au cœur des Focus, les artistes se dévoilent et partagent avec nous quelques anecdotes. Succédant à 60 auteurs et autrices, Anna Szkoda nous parle aujourd’hui d’un fait divers qui a marqué l’Allemagne de l’Ouest de la fin des années 1970. Pendant quelque temps, un homme affirmant venir de l’étoile Sirius a raconté d’étonnantes histoires à une jeune femme, tissant une espèce de « science-fiction glamour » dans laquelle elle finit par se perdre. Cette entreprise lunaire avait pour but de séduire la victime et de la pousser au suicide de manière déguisée afin de lui subtiliser son assurance-vie, qui s’élevait à 500 000 marks allemands.
« En lisant les histoires fantastiques que l’homme de Sirius inventait, j’ai immédiatement ressenti un besoin de les photographier, de les montrer. C’est peut-être parce que ces histoires étaient très visuelles, ou bien à cause du contraste entre cette science-fiction glamour et la réalité de l’Allemagne des années 1970 », explique Anna Szkoda. Grâce à des documents d’archives, des lettres manuscrites que cet individu malintentionné a écrites pendant des années à sa victime, la photographe est parvenue à illustrer, par le biais de la mise en scène, cette affaire criminelle. « J’étais fascinée par sa poésie, son talent pour la prose sinistre, et la précision des conneries qu’il a racontées au cours de leur relation : d’étranges contes parlant de moines qui méditent, de runes rouges en Suisse… Le “cas Sirius” est un cas curieux, psychologiquement parlant. Il soulève beaucoup de questions à propos du pouvoir et de la narration, de la manipulation et de la dépendance psychologique, de la photographie et de la vérité », assure-t-elle.
Ce projet troublant est à (re)découvrir dans Focus #61.