C’est l’heure du rendez-vous Focus ! En pleine préparation de l’exposition Sous les paupières closes, présentée à la Fisheye Gallery durant les Rencontres d’Arles et à laquelle elle participe, Rose Mihman revient sur les arts et les thèmes qui inspirent sa création photographique.
Vous le savez, au sein de la rédaction Fisheye, on aime autant les images que leurs récits ! C’est pourquoi nous avons lancé, en 2022, un objet multimédia dont le 79e épisode sort aujourd’hui. Au cœur des Focus, les artistes se dévoilent et partagent avec nous quelques histoires. Succédant à 78 auteur·ices, Rose Mihman présente un univers pictural à l’épreuve du temps, au cœur duquel se croisent des âmes enfantines, des personnages androgynes, des costumes d’une autre époque et des nuances dignes des tableaux des plus grands maîtres.
Je suis comme ça
« Comme je vais explorer des sujets assez graphiques, assez burlesques, parfois violents, j’aime bien rajouter une douceur, un bouclier contre la réalité », confie Rose Mihman. Fascinée par les œuvres d’Olga Boznańska, Degas, Toulouse-Lautrec ou encore Topor, la jeune artiste diplômée des Gobelins transforme, à l’aide de divers accessoires – une lumière jaune, des miroirs au mercure, une panoplie de perruques, voilages et autres bijoux –, ses modèles en sujets de peinture. Dans ses images, les corps s’amusent, font des plis ou s’étendent, convoquent une forme de liberté insouciante que le monde tend à oublier. S’affranchissant des codes contemporains de la beauté, l’artiste s’attache à rendre hommage à ce qui nous rend uniques, aux traits qui marquent, qui intriguent, qui charment. Une manière d’insuffler au réel une part d’imaginaire rafraîchissante. « En quatre-vingt-dix ans de vie, on a affaire à des tragédies, des joies, et notre corps vit avec nous. Une fois face à la caméra, on se dit : je suis comme ça et ça ne bougera pas, et ça fait du bien ! », conclut-elle.