François Prost décline une collection photographique de façades kitsch et extravagantes des love hotels, lieux de plaisir charnel typiques qui jonchent le territoire japonais, dans son nouvel ouvrage Love Hotel, publié aux éditions Fisheye.
Du rose bonbon, des bâtisses aux allures du château d’Aladdin et le mot « love » écrit en grand et en néon sur les façades. Le Japon regorge de ces bâtiments, plus communément appelés love hotels, autant dans les campagnes qu’en ville. Comme leur nom l’indique, ces hôtels sont destinés aux couples cherchant un peu d’intimité, une intimité difficile à avoir dans la maisonnée, autrefois petite, en bois et abritant plusieurs générations. Si aujourd’hui, les appartements et foyers modernes japonais proposent des chambres individuelles, la coutume de se rendre à l’extérieur pour quelques plaisirs charnels est restée. Le photographe français François Prost a sillonné l’Archipel et dresse dans son livre Love Hotel, publié par Fisheye Éditions, le portrait vernaculaire de ces théâtres de consommation de l’amour. Dans la préface, Agnès Troublé écrit – à la main : « C’était, au début, un endroit pour que les couples puissent évoluer plus librement que dans les maisons de bois et de papier, futons allongés par terre où tout le monde dort ensemble ! Avec le temps, avec le temps… c’est devenu de simples lieux de rencontre “OFF” d’amant·es officiel·les ou fortuit·es. » À travers les pages, se dévoilent, de manière crue, des façades plus extravagantes les unes que les autres de ces écrins de frénésies corporelles, qui proposent la location de chambres à l’heure, déclinent des ambiances romantiques et mettent à disposition le matériel nécessaire pour coïter en toute sécurité. « Carte bleue dans la machine, pas d’accueil… personne. Une clé se dépose avec un numéro de chambre », ajoute l’autrice. Bref, un gage d’anonymat préservé.
L’amour à l’architecture kitsch
Mais ce n’est pas un accent sur les relations qui peuvent se former dans les love hotels que François Prost documente, mais bien une architecture endémique du Pays du Soleil levant. Déjà connu pour ses projets sur des devantures de lieux festifs à travers le monde – After Party (2011 à 2023, France), Gentlemen’s Club (2019, États-Unis), Discoteca (2020, Espagne), Club Ivoire (2023, Côte d’Ivoire) – le photographe capture, dans différentes préfectures du Japon, en zones rurales et urbaines, l’excentricité des celles de ces hôtels. « On voit que nos ami·es japonais·es aiment le dépaysement et toutes ces façades en témoignent, poursuit Agnès Troublé dans la préface. Nouveau “Temples de l’amour”, ce sont souvent des appels au “voyage”. Paquebots, châteaux, gâteaux… de toute façon “gourmands” à boire et à manger, les façades sont là pour affrioler. » Typiques du paysage, ces bâtisses, au kitsch extrême – collectionnées en images par l’artiste – nous transportent dans un monde alternatif, presque vanille, où tout fantasme semble possible.
Le lancement du livre Love Hotel de François Prost aura lieu le 19 mars 2025 de 18h à 21h à la galerie d’Agnès b. et le livre sera disponible à l’achat le 20 mars 2025.
230 pages
40,00 €