Dans Volcano Generation, Giulia Frigieri immortalise la jeunesse italienne des îles Éoliennes. La série donne à voir leur quotidien, non loin des volcans de Stromboli et de Vulcano.
Comment vivre son adolescence sur un territoire soumis à la menace constante d’une éruption volcanique ? Pendant trois ans, la photographe italienne Giulia Frigieri s’est penchée sur la jeunesse des îles Éoliennes, au nord de la Sicile, qui grandit isolée du continent, tiraillée entre ennui et exaltation des premiers émois. Ses images nous montrent des ados aux poses lascives, des corps qui se cherchent sur la plage, des amitiés « à la vie à la mort », dans des paysages naturels sauvages et volcaniques. Selon elle, la tension centrale de son projet Volcano Generation se trouve dans « le contraste entre le danger de vivre à la merci d’événements imprévisibles et la liberté dont les jeunes embrassent cette incertitude, et qui fait partie intégrante de leur vie ».
Les éruptions symboliques des jeunes
Pendant ce temps, les volcans de Stromboli et Vulcano, les deux encore actifs de l’archipel, crachent leurs gerbes de feu et leurs fumerolles jaunes de soufre dans le ciel azur. Ils sont surveillés de très près par des scientifiques du Laboratorio Geofisica Sperimentale et de l’université de Clermont Auvergne, à l’aide de caméras thermiques que Giulia Frigieri leur emprunte pour figurer le bouillonnement et l’agitation intérieure de ces adolescent·es. En mêlant le langage documentaire du film moyen format, les photos d’archives d’explosions, les images thermiques et les données de surveillance scientifique, elle opère « une juxtaposition symbolique à travers différents fils narratifs, entre l’état de l’adolescence et l’activité volcanique ». Pour ce projet, toujours en cours de réalisation, la photographe a bénéficié cette année d’un mentorat avec l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles et elle est soutenue par Amaneï et The possible Island, deux associations culturelles installées sur les îles de Salina et Volcano.