Dans Here, In Absence, Mikael Siirilä donne une nouvelle vie à des photographies que nous vous avions déjà présentées il y a quelques années. Publié aux éditions IIKKI, ce premier ouvrage propose une expérience immersive dans laquelle les images se découvrent au gré d’une bande-son sur-mesure.
Les compositions de Mikael Siirilä se distinguent par un minimalisme au grain saillant qui s’exprime dans un nuancier de noir et de crème. Entre les paysages et les natures mortes, les portraits se font par fragments. Une chevelure coiffée, un menton relevé, une échine révélée ou une déclinaison de mains s’offrant à diverses chorégraphies témoignent tour à tour d’un passage. Parfois, une foule d’individus prend la pose. Le nombre comme la disposition des êtres créent un large motif au sein duquel les traits des visages s’effacent. Quand un duo masqué, de plain-pied, nous tourne le dos, les regards demeurent détournés. Quels que soient les clichés, tout semble se dérouler dans le hors-champ. « Mes petites photographies individuelles examinent les thèmes de l’absence, de la présence et de l’extérieur, précise l’artiste en introduction. Mes personnages apparaissent immergés dans leurs mondes intérieurs et leurs moments d’être : simultanément absents et intensément présents. »
Les supports infinis de nos propres récits
« Les images révèlent également le regard étranger, perdu dans l’observation et la réflexion », poursuit l’artiste finlandais. Inspirant une sérénité diffuse, ces tableaux réalisés à la chambre noire, un processus lent et contemplatif, invitent à la méditation. Consignés au nombre de 51 dans Here, In Absence, ils s’accompagnent désormais d’une bande-son originale signée The Humble Bee & Offthesky, qui insuffle un rythme de lecture. En faisant le choix de publier son premier ouvrage chez IIKKI, une maison d’édition bretonne qui fait dialoguer photographie et musique, Mikael Siirilä concède ainsi une dimension immersive à son œuvre. « Je crée des images physiques que je veux regarder, ressentir et dans lesquelles je désire me perdre. Encore et encore », assure-t-il avec poésie. Dans le sillage de sa pratique, convoquant à la fois les souvenirs et les sensations, ses tirages deviennent dès lors les supports infinis de nos propres récits.