Iran(s) : le pays aux mille visages

02 juin 2020   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Iran(s) : le pays aux mille visages

Habitué des séries aussi esthétiques qu’incongrues, le photographe Nicolas Boyer, né en 1972, signe Iran(s), et capture les multiples visages d’une société dynamique, en quête de liberté. 

« Enfant du 20e siècle, né avec une télévision à trois chaînes, j’ai été fasciné, à 7 ans, par les images signées Jean Gaumy représentant des femmes en noir tenant des kalachnikovs. Ce sont des clichés iconiques à forte persistance rétinienne »,

déclare le photographe parisien Nicolas Boyer. Après avoir capturé le charme insolite du Japon, le photographe s’est rendu en Iran. Deux voyages d’un mois qui le plongent dans un tourbillon visuel, duquel ressortent quelques trésors, pris sur le vif. « Ce pays, politique par essence, m’est apparu inaccessible jusqu’au jour où j’ai décidé de le prendre à bras le corps, précise-t-il. Contrairement à mon travail au Japon, cette série suit une logique pure de reportage. »

Combinant son amour de l’humour et de l’esthétique, l’auteur capture l’espace public, et sa théâtralité naturelle. Plaçant ses sujets au centre de chaque image, il fait du spontané une scène d’opéra. « J’aime isoler un sujet pour le mettre en lumière, faire ressortir son inscription dans son environnement naturel – c’est aussi un moyen de réaliser un travail documentaire de “relevés d’archétypes humains” », commente-t-il.

© Nicolas Boyer

Une mosaïque ethnique

De jour comme de nuit, Nicolas Boyer parvient à saisir la dramaturgie d’un moment. Espaces déserts, foules, saynètes nocturnes et soleil blanc s’opposent dans son Iran. Une dichotomie inspirée par l’histoire du pays. « Le territoire est comme Janus, ce dieu romain des commencements et des fins, traditionnellement représenté avec deux visages, l’un tourné vers le passé, l’autre vers l’avenir », raconte le photographe. Si l’Iran porte la marque des conflits passés, notamment les huit années de guerre contre l’Irak, sa richesse et sa beauté captivent. « C’est une mosaïque ethnique, et un concentré de paysages variés : on y trouve les déserts les plus chauds du monde autour de Kerman, les campagnes de la province de Gilan qui évoquent les Alpes, et, au nord de Téhéran les chaînes de montagnes culminant à 5200 mètres », précise-t-il. Une géographie extrême, dont les cultures et coutumes variées révoquent l’idée d’une société tiraillée entre traditionalisme et modernisme.

Au cœur de cet espace hétéroclite, Nicolas Boyer fait l’éloge de la diversité. Perdu dans la foule, ou immergé dans le silence d’un lieu, il capte les instants intimes, les rires et la nostalgie. Ses sujets, sociables comme solitaires, se livrent avec une honnêteté déconcertante à son regard, tantôt hilares, tantôt vulnérables. Avec la dérision qui le caractérise, l’auteur fait le portrait d’une société énergique, animée par un désir d’évolution, et de liberté.

© Nicolas Boyer

© Nicolas Boyer© Nicolas Boyer

© Nicolas Boyer

© Nicolas Boyer© Nicolas Boyer
© Nicolas Boyer© Nicolas Boyer

© Nicolas Boyer

© Nicolas Boyer© Nicolas Boyer
© Nicolas Boyer© Nicolas Boyer

© Nicolas Boyer© Nicolas Boyer

© Nicolas Boyer

Explorez
Antoine Martin dresse un portrait de Miami en clair-obscur
© Antoine Martin
Antoine Martin dresse un portrait de Miami en clair-obscur
Extravagante et haute en couleur, Miami Beach s’impose comme une destination de rêve. Plages de sable fin, boîtes de nuit, strass et...
07 décembre 2023   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Un documentaire inédit sur Fred Stein bientôt diffusé au Lavoir Numérique
© Fred Stein Archive
Un documentaire inédit sur Fred Stein bientôt diffusé au Lavoir Numérique
À l’occasion de son cycle documentaire consacré à l’œuvre « photo-biographique », le Lavoir Numérique organise une projection de...
07 décembre 2023   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Focus #67 : Devin Yalkin capture un bal vampirique sulfureux
06:40
© Fisheye Magazine
Focus #67 : Devin Yalkin capture un bal vampirique sulfureux
C’est l’heure du rendez-vous Focus ! Cette semaine, Devin Yalkin s’immisce dans un bal vampirique des temps modernes et rend hommage à...
06 décembre 2023   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Le festival Circulation(s) lève le voile sur sa 14e édition ! 
© Audrey Blue
Le festival Circulation(s) lève le voile sur sa 14e édition ! 
Du 6 avril au 2 juin 2024, le festival de la jeune photographie européenne Circulation(s) réinvestit le Centquatre à Paris pour une 14e...
06 décembre 2023   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Irene Trancossi : mythologies ancestrales et jardin à soi
© Irene Trancossi
Irene Trancossi : mythologies ancestrales et jardin à soi
Irene Trancossi et son univers gravitent autour des mondes de l'art, de la mode et de la musique – en créant des pochettes d'albums et...
Il y a 2 heures   •  
Écrit par Milena Ill
Hadès, Antoine d’Agata et Deauville, dans la photothèque de Céline Croze
© Céline Croze
Hadès, Antoine d’Agata et Deauville, dans la photothèque de Céline Croze
Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les auteurices publié·es sur les pages de Fisheye reviennent sur...
07 décembre 2023   •  
Écrit par Lou Tsatsas
An Old Tale : Siouzie Albiach saisit une nature personnifiée
© Siouzie Albiach
An Old Tale : Siouzie Albiach saisit une nature personnifiée
À travers An Old Tale, Siouzie Albiach nous emporte dans un voyage mystique au cœur de territoires intimes. Un périple nourri par...
07 décembre 2023   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Antoine Martin dresse un portrait de Miami en clair-obscur
© Antoine Martin
Antoine Martin dresse un portrait de Miami en clair-obscur
Extravagante et haute en couleur, Miami Beach s’impose comme une destination de rêve. Plages de sable fin, boîtes de nuit, strass et...
07 décembre 2023   •  
Écrit par Cassandre Thomas