Quelqu’un est passé dans la cuisine et a versé son bol de lait dans le lavabo. Ce qui en reste a été immortalisé par Ivy Rose Carr. C’est tendre et tiède, ça repose les yeux. De façon similaire, l’œuvre globale de l’artiste dévoile avec harmonie une appétence pour l’imagerie du quotidien. À 24 ans, diplômée de l’École de recherche graphique de Bruxelles, Ivy Rose Carr a toujours été bercée par l’art et a très vite ressenti le besoin de capturer ce qui l’entourait. Sa mère, son père et son frère ont alors endossé le rôle de modèle. « J’ai la chance d’être très proche de ma famille, le fait de les voir en action m’inspire toujours beaucoup. Quand ils coupent du bois ou font un feu par exemple. Ce sont des sujets parfaits à photographier, la confiance entre nous est déjà là. Ils ne posent pas, ils sont juste eux-mêmes, authentiques ». Avec Where is home, une série qu’elle a éditée en un petit ouvrage, elle rend hommage à la campagne montpelliéraine de son enfance, un espace de pleine nature où rien ne portait outrage au calme ambiant. Là-bas, le temps était long et les moments de vides s’élargissaient à mesure que le bruit des villes alentour s’affaiblissait. « Le lieu dans lequel j’ai grandi était pareil à un studio photo, ce qui a facilité mon apprentissage du médium. À travers mes images je cherche à révéler tout ce qui fait partie de la routine qu’on oublie de voir. Il faut apprendre à regarder les choses différemment, avec attention », ajoute-t-elle. Tantôt rêveries ambiantes, tantôt fragments de vies réconfortants, les clichés d’Ivy Rose Carr laissent sur leur passage des effluves laiteux qui ont le don de nous envelopper.
© Ivy Rose Carr