Avec sa série Hong Kong, Javier Ruiz dresse le portrait d’une ville faite d’oxymores. Naviguant à travers le Chungking Mansions et les toits parsemés avec deux acolytes locaux à l’esthétique punk, le photographe s’imprègne de l’essence même du rythme éclectique qui y règne.
En voyage à Hong Kong pour photographier une campagne publicitaire, Javier Ruiz, durant son temps libre, part explorer les quatre coins de la ville. L’artiste espagnol, aimant vaciller entre l’image de mode et l’approche documentaire dans son travail, cherche à capter l’environnement de l’enclave chinoise. « Je ne viens pas d’un milieu familial où l’on consomme de l’art, confie-t-il. Mais lorsque je m’amusais dans la rue avec mes ami·es, j’ai soudain eu le sentiment qu’il était nécessaire que je capture mon voisinage à Madrid. Ce sentiment est resté. » Sans autres intentions que se laisser surprendre, il sillonne les allées, les bâtiments en quête de quelques inspirations visuelles. « Je pense que je suis particulièrement attiré par les villes qui ne rentrent pas dans les standards de beauté ou du correct », raconte Javier Ruiz. Quelle meilleure façon de découvrir les chemins cachés qu’abrite la cité que de se laisser guider par deux locaux·ales aux styles extravagants ? Chapeau de sorcière, bracelet en cuir, badge circulaire… Sur les images, les modèles de l’auteur le mènent dans des endroits insolites, théâtre du récit qui se construit. « Je les ai rencontrés dans la rue, j’aimais leur apparence et je voulais faire des photos avec elleux. Iels m’ont conduit à travers le Chungking Mansions ou sur des toits à l’accès difficile », ajoute-t-il.
Hong Kong, une ville de contrastes
Le Chungking Mansion représente bien l’esthétisme de Hong Kong, qui devient un terrain de jeu pour le photographe. Il s’agit d’un bâtiment de dix-sept étages, abritant hôtels, restaurants, boutiques et lieu de vie de près de 4 000 personnes. Un labyrinthe de couloirs qui se comporte comme un village dans la ville. « C’est une métropole aux multiples contrastes. Lorsqu’on regarde à droite, on peut voir une Lamborghini. Dès qu’on tourne la tête à gauche, on aperçoit un édifice très ancien avec des échafaudages en bambou », révèle Javier Ruiz. La crasse tutoie les néons qui reluisent dans la nuit, les nuages gris pèsent sur les épaules des gratte-ciel, un bâton d’encens fume au sol, planté dans ce qui s’apparente à une pomme. Les deux ami·es surplombent l’horizon, cigarette au bec ou le regard au-delà des immeubles. Quelle est leur histoire ? Que raconte cette déambulation aux allures magiques ? « Que ce soit réel ou imaginaire, je laisse chacun·e l’interpréter à sa manière », conclut l’artiste.