Jonė Reed ou l’élégance tortueuse

10 novembre 2023   •  
Écrit par Milena III
Jonė Reed ou l'élégance tortueuse
© Jone Reed
© Jone Reed

Photographe lituanienne « déracinée à Londres »Jonė Reed est l’autrice d’une œuvre somptueuse, toute en teintes verdurées et en nuances grises. Autodidacte, aimant à se qualifier d’amatrice, elle n’a cessé de faire preuve d’une créativité débordante au cours des quinze dernières années. L’artiste partage à foison des photographies de sa fille – des « fenêtres sur l’esprit magique et très complexe d’une adolescente », explique-t-elle – et d’elle-même en majeure partie, ainsi que des natures mortes. Une pratique qui s’inscrit dans la sphère de l’intime, et qui semble répondre à une nostalgie pour le passage des choses de la vie avant même qu’elles soient passées. Éclectique et intuitive, elle affirme être « plus motivée par les émotions et les expériences que par les règles et la perfection ». Et pour cause, qu’il s’agisse du flou d’un corps ou de la profondeur de l’ombre et de la lumière, Jonė Reed a une capacité naturelle à susciter l’émotion avec son travail. L’emploi de techniques variées, manuelles et plus ou moins anciennes, lui permet un jeu permanent entre les esthétiques, sombres et granuleuses, en noir et blanc ou avec une utilisation très sélective de la couleur, lorsque celle-ci est présente. Son œuvre spectaculaire et souvent cinématographique, ne déçoit jamais : l’effet de saturation ne se heurte pas à l’élégance de ses photographies, les jeux d’ombre et de matière ne se répètent pas, et elle excelle à brouiller les lignes entre le surréalisme et sa propre réalité, parfois avec un humour noir caractéristique de son tempérament. Alors qu’elle a l’habitude de publier son travail sur des plateformes en ligne comme Flickr ou Instagram, elle devient rapidement une artiste incontournable, appréciée dans l’univers des beaux-arts pour son goût du mystère, du jeu, de l’intimité – qui lui viennent certainement de son amour pour « l’audace absolue des photographies de Brett Walker et de Lydia Robert », confie-t-elle ou encore « le mysticisme de l’art de Katia Berestova », qu’elle suit dans son sillage. Unique, tendre et doucement provocateur, l’œuvre de Jonė Reed entraîne ses spectateurices dans un voyage poétique et personnel.

© Jone Reed

© Jone Reed
© Jone Reed

© Jone Reed
© Jone Reed
© Jone Reed
© Jone Reed

© Jone Reed
© Jone Reed
© Jone Reed
© Jone Reed
© Jone Reed
© Jone Reed
© Jone Reed
© Jone Reed
À lire aussi
Les mystères existentiels d’Ekaterina Berestova
Les mystères existentiels d’Ekaterina Berestova
Artiste-peintre, poétesse, réalisatrice et graphiste autodidacte, Ekaterina Berestova – surnommée Katia – s’est également lancée dans la…
18 novembre 2022   •  
Écrit par Pablo Patarin
L'étrange paresse de Lydia Roberts
L’étrange paresse de Lydia Roberts
Artiste d’origine britannique, Lydia Roberts vit aujourd’hui dans le sud-ouest de la France, partageant son temps entre l’enseignement de…
30 décembre 2022   •  
Écrit par Pablo Patarin

Explorez
La sélection Instagram #497 : ni blanc ni noir
© collage.art.syb / Instagram
La sélection Instagram #497 : ni blanc ni noir
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine plongent dans un océan monochrome. Iels sondent les nuances de gris, les noirs...
11 mars 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #535 : Clara Vincent et Francesco Freddo
© Francesco Freddo
Les coups de cœur #535 : Clara Vincent et Francesco Freddo
Clara Vincent et Francesco Freddo, nous coups de cœur de la semaine, se sont tous·tes les deux plongé·es dans le médium photographique...
10 mars 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les images de la semaine du 03.03.25 au 09.03.25 : affirmation de soi et curiosité
© Clémentine Balcaen
Les images de la semaine du 03.03.25 au 09.03.25 : affirmation de soi et curiosité
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, les pages de Fisheye partagent des récits d’affirmation de soi. En parallèle, elles révèlent...
09 mars 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Photographie post-mortem : pont sensible entre vivant·es et défunt·es
© Hervé Bohnert. Exposition Les Immortels à la librairie Alain Brieux, photographe non identifié, sans titre, vers 1860.
Photographie post-mortem : pont sensible entre vivant·es et défunt·es
Le livre Posthume rassemble une centaine de clichés de défunt·es et d’objets funéraires issus de la collection de l’artiste Hervé...
06 mars 2025   •  
Écrit par Ana Corderot
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Lee Miller, mélancolie débordante et chambres d'hôtel : dans la photothèque d'Éloïse Labarbe-Lafon
Diane et Luna, 2023 © Eloïse Labarbe-Lafon
Lee Miller, mélancolie débordante et chambres d’hôtel : dans la photothèque d’Éloïse Labarbe-Lafon
Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les auteurices publié·es sur les pages de Fisheye reviennent sur...
12 mars 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Fisheye #70 : la photographie de mode montre ses griffes
© Léo Baranger
Fisheye #70 : la photographie de mode montre ses griffes
Alors que la Fashion Week parisienne vient de s’achever, Fisheye consacre son numéro #70 à la mode. Au fil des pages, photographes et...
12 mars 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Man Ray célébré par Reporters sans frontières
© Man Ray
Man Ray célébré par Reporters sans frontières
Pour son 78e album photographique, Reporters sans frontières, l'association engagée pour la liberté de la presse, met à l'honneur l'œuvre...
11 mars 2025   •  
Écrit par Costanza Spina
La sélection Instagram #497 : ni blanc ni noir
© collage.art.syb / Instagram
La sélection Instagram #497 : ni blanc ni noir
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine plongent dans un océan monochrome. Iels sondent les nuances de gris, les noirs...
11 mars 2025   •  
Écrit par Marie Baranger