Avec Carbone 14, le photographe français Julien Lasota représente une nature monochrome et resplendissante. Un hommage brut et sincère à notre planète et à ses ressources.
« L’environnement est propice à tous les scénarios. Imaginez-vous revêtir un costume de votre choix, qu’il soit celui de l’aventurière, de l’explorateur, des amoureux qui flirtent, du pêcheur qui fend le brouillard jusqu’à la rivière, ou même de la vieille en sabots de caoutchouc qui vient ici faire le point… ».
Avec ces mots, Julien Lasota invite le regardeur à un voyage en pleine nature. Un périple monochrome où il est libre de se glisser dans la peau de n’importe quel personnage, et de plonger, avec insouciance et volupté, dans un espace immaculé.
C’est en 2013, lors d’un voyage, que le photographe dijonnais découvre le plaisir des réaliser des images. Depuis, il construit des séries brutes et sensorielles, gouvernées par ses émotions du moment. « Avec Carbone 14, j’avais initialement pour objectif de faire des photos qui n’étaient liées à aucun de mes projets. Je m’interrogeais : comment pouvoir retenir l’attention des gens qui les regardent ? Peuvent-ils se les approprier ? Puis-je mobiliser leurs esprits et les plonger dans un univers tendre et rassurant ? », confie-t-il. Véritable promenade métaphorique dans un monde sauvage, à l’abris de la main de l’homme, la série entend souligner « la beauté du monde qui nous entoure, et le partage de moments simples ».
L’éloge de l’insouciance
Si l’on devine l’engagement écologique de Julien Lasota face aux images, celui-ci espère avant tout sublimer les nombreuses ressources dont dispose notre planète. « Reconnaissons l’incroyable chance que nous avons d’évoluer sur Terre : son emplacement dans notre système solaire, sa composition, son satellite naturel, sa chimie complexe, son atmosphère sont une infime partie des paramètres qui rendent la vie propice… », précise-t-il. En noir et blanc, ses clichés quittent la sphère du réalisme pour faire appel au fantasmé, à l’onirique. Débarrassée du spectre de couleurs, chaque œuvre marque par sa composition, ses contrastes. Un nuancier restreint permettant « de mettre tout le monde d’accord ». « J’entends par là que l’œil est moins distrait, et va à l’essentiel. Je trouve au monochrome quelque chose d’intense et de solennel », poursuit-il.
Inspiré par les paysages picturaux de Paul Cupido, Letizia Le Fur ou encore Stéphane Lavoué, et bercé par ses propres souvenirs – des nuits à la belle étoile entre amis, le parfum du thym et de l’ail sur les mains de sa grand-mère, les réunions familiales au bord de la rivière… – Julien Lasota fait de Carbone 14 un carnet intime convoquant sa propre vision du beau, du poétique. « C’est se lever avec le sourire, les regards qui se croisent, le feu qui crépite, un arbre qui pousse… C’est aussi ma mère, dans mes bras », ajoute l’auteur. Comme un cri de joie arraché de sa poitrine, le projet fait l’éloge de l’insouciance. Une insouciance qui défie les âges et les générations. Une insouciance qui refuse de mourir, ou de flétrir, malgré les mises en garde d’un monde qui va mal. Une insouciance contagieuse, qui parvient à faire perdurer les traces d’un rire sur les visages des passants. « C’est à la fois brutal et sincère, toujours », conclut-il.
© Julien Lasota