Kalo Chianetta : la mort à l’œil

11 octobre 2024   •  
Écrit par Hugo Mangin
Kalo Chianetta : la mort à l'œil
© Kalo Chianetta
chanteur en concert
© Kalo Chianetta

Virtuose d’à peine 19 ans, l’artiste sicilien Kalo Chianetta, depuis sa page Instagram où il poste Dal mio Diario, son journal de la mémoire, entretient déjà une relation particulière avec le 8e art. L’occasion de saisir la maturation d’un regard singulier, entre odes aux instants perdus et geste post-adolescent.

Initiée lorsqu’il avait 12 ans, la quête photographique de Kalo Chianetta a à voir avec ce qu’est le gothique en littérature, c’est-à-dire la recherche à l’intérieur de l’image, d’une sensation, d’une intensité émotionnelle. « Je décrirais mon processus de création comme un moment intime et flou. Si intime qu’une fois terminé, j’éprouve un sentiment de honte face au flot de pensées qui m’a traversé. C’est comme si, pendant l’acte, je cessais d’exister. C’est mon non-être qui prend le contrôle de moi » explique-t-il. Sous la tête coupée d’un mouton, l’horizontalité d’un poisson mort, l’anomalie d’une coquille d’œuf brisée, monte ainsi du sol, où ces sujets disparaîtront, la tiédeur du béton sicilien chauffé à blanc. « La photographie est un enterrement permanent de l’instant vécu. C’est ce qui reste, la lumière dans l’obscurité de la mort. C’est l’outil que j’utilise pour affronter ma peur de cette dernière, qui me fascine et me terrifie tout autant » ajoute l’auteur. Mais cette obsession se conjugue dans une pluralité de formes, dans la volonté d’expérimenter. De portraits fixes aux détails d’un torse cambré, d’une fleur d’agave dont la plante fane après la fleuraison, à la petitesse de jeunes pousses saisies de nuit, s’y découpe en négatif un autoportrait de l’artiste, à la fois témoin et habité, sujet, comme dans son magnifique autoportrait, de ces propres altérations. « Je ne pense pas que les paysages soient des lieux où pourraient résider des fantômes, car je crois que les paysages eux-mêmes sont des fantômes  » conclut-il.

ombre sur le visage d'une jeune fille
© Kalo Chianetta

torse cambré
© Kalo Chianetta

paysage fantomatique
© Kalo Chianetta
jeune femme en maillot dans l'ombre
© Kalo Chianetta
pigeon mort
© Kalo Chianetta
coquille d'oeuf brisé
© Kalo Chianetta

tête de chien mort
© Kalo Chianetta
poisson au sol
© Kalo Chianetta
fleur dans l'oeil
© Kalo Chianetta

fleur d'agave sur fond noir
© Kalo Chianetta
femme devant un paysage
© Kalo Chianetta

portrait caché d'une main
© Kalo Chianetta
autoportrait altéré
© Kalo Chianetta
plantation de nuit
© Kalo Chianetta
À lire aussi
Sina Muehlbauer : loin du masque, la libération
© Sina Muehlbauer
Sina Muehlbauer : loin du masque, la libération
Séries sœurs, Letting go et Unmasking proposent une immersion sensorielle dans les émotions humaines. Sensibles et viscérales, les œuvres…
24 septembre 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
À Arles, Jules Ferrini capture le noir solaire
© Jules Ferrini
À Arles, Jules Ferrini capture le noir solaire
À travers deux séries, Noires sœurs et Modern Sins, Jules Ferrini plie la lumière et le temps pour faire vibrer l’obscurité d’un…
26 juillet 2024   •  
Écrit par Hugo Mangin
Necromancer : Inuuteq Storch, mage noir au service des mythes groenlandais
© Inuuteq Storch
Necromancer : Inuuteq Storch, mage noir au service des mythes groenlandais
Dans Necromancer, un récit monochrome aux frontières du monde spirituel, Inuuteq Storch illustre les coutumes de ses ancêtres, tout en…
23 avril 2024   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Explorez
5 coups de cœur qui témoignent d'un quotidien
I **** New York © Ludwig Favre
5 coups de cœur qui témoignent d’un quotidien
Tous les lundis, nous partageons les projets de deux photographes qui ont retenu notre attention dans nos coups de cœur. Cette semaine...
15 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les images de la semaine du 8 septembre 2025 : amour et déplacements
Couldn't Care Less © Thomas Lélu et Lee Shulman
Les images de la semaine du 8 septembre 2025 : amour et déplacements
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, l’amour et les déplacements, quels qu’ils soient, ont traversé les pages de Fisheye. Ceux-ci se...
14 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
© Arpita Shah
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
À travers sa série Nalini, la photographe indo-britannique Arpita Shah explore l’histoire de sa famille et des générations de...
12 septembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Caroline Furneaux : l'amour en boîte
Rosa, The Mothers I Might Have Had © Caroline Furneaux
Caroline Furneaux : l’amour en boîte
Dans son ouvrage The Mothers I Might Have Had, Caroline Furneaux exhume l'archive intime de films 35 mm de son père décédé pour une...
11 septembre 2025   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Nos derniers articles
Voir tous les articles
5 coups de cœur qui témoignent d'un quotidien
I **** New York © Ludwig Favre
5 coups de cœur qui témoignent d’un quotidien
Tous les lundis, nous partageons les projets de deux photographes qui ont retenu notre attention dans nos coups de cœur. Cette semaine...
15 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Les images de la semaine du 8 septembre 2025 : amour et déplacements
Couldn't Care Less © Thomas Lélu et Lee Shulman
Les images de la semaine du 8 septembre 2025 : amour et déplacements
C’est l’heure du récap ! Cette semaine, l’amour et les déplacements, quels qu’ils soient, ont traversé les pages de Fisheye. Ceux-ci se...
14 septembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Annissa Durar : une cueillette visuelle de senteurs
The Rose Harvest © Annissa Durar
Annissa Durar : une cueillette visuelle de senteurs
La photographe américano-libyenne Annissa Durar a documenté, avec beaucoup de douceur, la récolte des roses à Kelâat M’Gouna, au sud du...
13 septembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
© Arpita Shah
Arpita Shah et la transmission des récits féminins
À travers sa série Nalini, la photographe indo-britannique Arpita Shah explore l’histoire de sa famille et des générations de...
12 septembre 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas