Kimbra Audrey est une artiste américaine qui vit à Paris. Dans son regard, faire le portrait d’elle-même devient une manière de redéfinir sa féminité, qu’elle soit mise à mal par les standards de l’industrie impitoyable du mannequinat, ou remise en perspective par l’arrivée brutale d’un cancer du sein.
Pendant de longues années, Kimbra Audrey a été modèle. L’autoportrait nu est apparu au cours de cette période emplie d’accablement et de déprime, à la fois comme une aide précieuse et une possibilité de revaloriser, pour elle-même, ses imperfections naturelles. Dans ces moments-là, son regard sur son propre corps se distancie de l’emprise des valeurs patriarcales solidement ancrées. « La normalisation de choses souvent stigmatisées, comme les menstruations et la santé mentale, ont été des thèmes constants que j’ai explorés », explique-t-elle. Alors qu’elle réapprend à vivre son corps dans un rapport plus sain, au cours de l’été 2022, Kimbra Audrey est diagnostiquée du cancer du sein. L’accompagne, alors, naturellement dans cette épreuve, son fidèle acolyte l’autoportrait. Loin du roleplay, inhérent au métier de mannequin, la photographe et modèle dévoile, avec douleur mais volonté, la réalité physique du cancer du sein et des opérations chirurgicales massives à endurer pour espérer une guérison. Chacune de ses œuvres montre, frontalement, son rapport à un corps opéré, devenu presque étranger, auquel elle doit désormais s’adapter. La solitude de la maladie, la frustration quotidienne, le manque d’énergie. Dans des compositions soignées, capturées à la lumière du jour, elle raconte une profonde fragilité jusque-là insoupçonnée, et rend visible la force de résistance des femmes qui luttent contre le cancer du sein.