La jeunesse entre deux eaux

11 janvier 2018   •  
Écrit par Eric Karsenty
La jeunesse entre deux eaux

Pascale Arnaud, la nouvelle lauréate du prix Picto de la mode qui vient de terminer sa formation aux Gobelins, expose Emerging Adulthood et Xiaotong. Deux séries qui jettent un pont entre deux contrées, la France et la Chine, et évoquent un âge entre deux rivages, l’adolescence et l’âge adulte, avec ses doutes, sa nostalgie et sa mélancolie.

« Je ne suis plus une adolescente, mais je ne me sens pas tout à fait adulte », déclare d’emblée Pascale Arnaud, 23 ans, la nouvelle lauréate du prix Picto attribué cet automne dans le prestigieux cadre du Palais Galliera, le musée de la mode de la Ville de Paris. Les deux séries présentées par la photographe, Emerging Adulthood et Xiaotong, ont rapidement et unanimement conquis les treize membres du jury, présidé par Paolo Roversi. Ce travail qui associe le noir et blanc et la couleur, les prises de vue argentiques et numériques, réalisées en France et en Chine (dans le cadre d’un échange scolaire entre les Gobelins, école de l’image, et l’Académie des beaux-arts de Hangzhou), produit au final des images sombres et mélancoliques où l’on retrouve les états d’âme de Pascale et, au-delà, de toute une génération. « Il y a beaucoup de choses qui se mélangent : la peur du futur, la nostalgie de l’enfance et de l’adolescence… J’ai construit cette série [Emerging Adulthood, ndlr] à partir de différents shootings, qui étaient assez clairs, mais le but c’était de tout mélanger. Il y a aussi des parties plus heureuses, insouciantes, joyeuses… », explique la jeune diplômée.

Du côté de la mode

En approfondissant ce travail pour son mémoire, elle découvre que cette période est étudiée par des sociologues depuis plusieurs années et a même été baptisée par Jeffrey Arnett, professeur de psychologie américain, « emerging adulthood » [« l’âge adulte émergent » qui se situe entre 18 et 25 ans, ndlr]. « Ça m’a permis de mettre des mots sur ce que je ressentais, sur mes émotions… Ça m’a aidée à m’orienter », précise l’auteure, qui a ensuite croisé la route de Xiaotong, la jeune modèle de l’autre série, habillée par un styliste chinois dans le cadre d’un workshop à Hangzhou. C’est ce qui lui a fait sauter le pas du côté de la mode. « Ça m’a permis d’associer mes deux passions : faire du portrait et quelque chose de très esthétique. Je ne suis pas trop fan de la mode à la base. C’est plus la photo de mode qui m’intéresse, détaille Pascale. Entre approche artistique et photo de mode, j’essaie de naviguer dans ce mélange de sensations. J’ai du mal à en parler, c’est assez flou, c’est bien pour ça que je fais des images… »

© Pascale Arnaud© Pascale Arnaud
© Pascale Arnaud© Pascale Arnaud

© Pascale Arnaud

Pascale Arnaud

Du 17 janvier au 3 mars 2018 à la Fisheye Gallery,

2, rue de l’Hôpital-Saint-Louis, Paris 10e (75).

www.fisheyegallery.fr

Explorez
La sélection Instagram #535 : surfaces texturées
© Laura Barth / Instagram
La sélection Instagram #535 : surfaces texturées
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine explorent la matérialité de la photographie. Du papier aux émulsions, en passant...
02 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Twin Peaks, ambiguïté et nature morte : dans la photothèque de Stan Desjeux
Si tu devais ne choisir qu’une seule de tes images, laquelle serait-ce ? © Stan Desjeux
Twin Peaks, ambiguïté et nature morte : dans la photothèque de Stan Desjeux
Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les artistes des pages de Fisheye reviennent sur les œuvres et les...
01 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Fury, l'univers « crépusculaire » de Marie Quéau
Sans titre #90, Campus Univers Cascades, 2023, extrait de la série Fury, Courtesy Galerie Les filles du calvaire, Paris © Marie Quéau / ADAGP, Paris, 2025
Fury, l’univers « crépusculaire » de Marie Quéau
Jusqu’au 8 février 2026, Marie Quéau, cinquième lauréate du prix Le Bal/ADAGP de la Jeune Création, présente Fury. Dans cette exposition...
29 novembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Éternel été, mémoire et masculinité : nos coups de cœur photo de novembre 2025
Red Is Over My Lover. Not Anymore Mi Amor © Laura Lafon
Éternel été, mémoire et masculinité : nos coups de cœur photo de novembre 2025
Expositions, immersion dans une série, anecdotes, vidéos… Chaque mois, la rédaction de Fisheye revient sur les actualités photo qui l’ont...
28 novembre 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Bellissima : la fabrique des apparences par Carla Rossi
© Carla Rossi
Bellissima : la fabrique des apparences par Carla Rossi
Dans son ouvrage Bellissima, publié par Art Paper Editions, Carla Rossi explore les désirs, les façades et les codes qui façonnent la...
Il y a 7 heures   •  
Écrit par Cassandre Thomas
La sélection Instagram #535 : surfaces texturées
© Laura Barth / Instagram
La sélection Instagram #535 : surfaces texturées
Les artistes de notre sélection Instagram de la semaine explorent la matérialité de la photographie. Du papier aux émulsions, en passant...
02 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Twin Peaks, ambiguïté et nature morte : dans la photothèque de Stan Desjeux
Si tu devais ne choisir qu’une seule de tes images, laquelle serait-ce ? © Stan Desjeux
Twin Peaks, ambiguïté et nature morte : dans la photothèque de Stan Desjeux
Des premiers émois photographiques aux coups de cœur les plus récents, les artistes des pages de Fisheye reviennent sur les œuvres et les...
01 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Les coups de cœur #567 : Himanshu Vats et Grant Harder
© Grant Harder
Les coups de cœur #567 : Himanshu Vats et Grant Harder
Himanshu Vats et Grant Harder, nos coups de cœur de la semaine, explorent la nature, et les liens qu’elle entretient avec les humains. Le...
01 décembre 2025   •  
Écrit par Marie Baranger