Dans I think it’s time to take the clothes off, Yolanda Y. Liou assemble les corps de deux amies danseuses, Akti et Xristina. Elle questionne dans ce livre body positive la censure de la nudité.
Collages vaporeux, corps arqués, silhouettes dénudées… I think it’s time to take the clothes off, petit ouvrage de 24 pages, s’impose comme une célébration du corps des femmes. Un nouveau chapitre de l’œuvre de Yolanda Y. Liou, qui s’attache, depuis plusieurs années, à rendre hommage aux formes féminines, dans toute leur diversité.
C’est après avoir entendu une vendeuse de sous-vêtements lui reprocher de ne pas porter de soutien-gorge, à Taiwan, que l’idée d’un livre consacré à la nudité est née dans l’esprit de la photographe. « Je ne compte plus le nombre de fois où mes publications sur les réseaux sociaux ont été supprimées, parce qu’elles ne respectaient pas les règles de censure, ou, car je n’avais pas couvert suffisamment les tétons. Pourquoi cette partie d’anatomie, possédée par plus de la moitié de la planète, est-elle considérée offensante ? Pourquoi est-elle devenue tabou ? » ajoute-t-elle.
S’affranchir des règles
Enfermée chez elle, durant le confinement, Yolanda Y. Liou s’est replongée dans les photographies d’Akti et Xristina, deux danseuses. Leurs corps nus évoluant face à l’objectif, sans vêtement pour les brider. Une liberté de mouvement pure et splendide. « J’ai commencé à réaliser des collages, et à voir une connexion entre les deux séries d’images. Les gens réagissent différemment à des clichés publiés dans un livre – ils sont plus concrets. Il y a une certaine intimité, une dimension physique qui inclut le lecteur », précise-t-elle.
Jamais photographiées en même temps, les deux modèles se rejoignent grâce aux montages de l’artiste. Meilleures amies, elles fusionnent, se fondent l’une dans l’autre, et apportent une nouvelle dimension aux images, précédemment isolées. « L’aventure entière, des shootings avec Akti et Xristina à la publication du livre a été très thérapeutique, confie la photographe. Le fait qu’elles soient si à l’aise avec leur corps m’a appris beaucoup de choses. Je vois vraiment cet objet comme une collaboration entre trois artistes. » Enchevêtrés, les corps se font doux, et pourtant puissants. Ils évoquent une fluidité totale, une grâce sublimée par l’absence d’habit. « Je considère comme gaspillée une journée où je n’ai pas dansé », écrivait Nietzsche, dans Ainsi parlait Zarathoustra. Dans les photos de Yolanda Y. Liou, la nudité dansée se lit comme une émancipation, une envie de s’affranchir des règles imposées par la société.
I think it’s time to take the clothes off, autoédité, 10£, 24 p. (20% des bénéfices seront reversés à un refuge œuvrant pour les femmes et enfants victimes de violence domestique).
© Yolanda Y. Liou