La nudité dansée

20 octobre 2020   •  
Écrit par Lou Tsatsas
La nudité dansée

Dans I think it’s time to take the clothes off, Yolanda Y. Liou assemble les corps de deux amies danseuses, Akti et Xristina. Elle questionne dans ce livre body positive  la censure de la nudité.

Collages vaporeux, corps arqués, silhouettes dénudées… I think it’s time to take the clothes off, petit ouvrage de 24 pages, s’impose comme une célébration du corps des femmes. Un nouveau chapitre de l’œuvre de Yolanda Y. Liou, qui s’attache, depuis plusieurs années, à rendre hommage aux formes féminines, dans toute leur diversité.

C’est après avoir entendu une vendeuse de sous-vêtements lui reprocher de ne pas porter de soutien-gorge, à Taiwan, que l’idée d’un livre consacré à la nudité est née dans l’esprit de la photographe. « Je ne compte plus le nombre de fois où mes publications sur les réseaux sociaux ont été supprimées, parce qu’elles ne respectaient pas les règles de censure, ou, car je n’avais pas couvert suffisamment les tétons. Pourquoi cette partie d’anatomie, possédée par plus de la moitié de la planète, est-elle considérée offensante ? Pourquoi est-elle devenue tabou ? » ajoute-t-elle.

© Yolanda Y. Liou

S’affranchir des règles

Enfermée chez elle, durant le confinement, Yolanda Y. Liou s’est replongée dans les photographies d’Akti et Xristina, deux danseuses. Leurs corps nus évoluant face à l’objectif, sans vêtement pour les brider. Une liberté de mouvement pure et splendide. « J’ai commencé à réaliser des collages, et à voir une connexion entre les deux séries d’images. Les gens réagissent différemment à des clichés publiés dans un livre – ils sont plus concrets. Il y a une certaine intimité, une dimension physique qui inclut le lecteur », précise-t-elle.

Jamais photographiées en même temps, les deux modèles se rejoignent grâce aux montages de l’artiste. Meilleures amies, elles fusionnent, se fondent l’une dans l’autre, et apportent une nouvelle dimension aux images, précédemment isolées. « L’aventure entière, des shootings avec Akti et Xristina à la publication du livre a été très thérapeutique, confie la photographe. Le fait qu’elles soient si à l’aise avec leur corps m’a appris beaucoup de choses. Je vois vraiment cet objet comme une collaboration entre trois artistes. » Enchevêtrés, les corps se font doux, et pourtant puissants. Ils évoquent une fluidité totale, une grâce sublimée par l’absence d’habit. « Je considère comme gaspillée une journée où je n’ai pas dansé », écrivait Nietzsche, dans Ainsi parlait Zarathoustra. Dans les photos de Yolanda Y. Liou, la nudité dansée se lit comme une émancipation, une envie de s’affranchir des règles imposées par la société.

 

I think it’s time to take the clothes off, autoédité, 10£, 24 p. (20% des bénéfices seront reversés à un refuge œuvrant pour les femmes et enfants victimes de violence domestique).

© Yolanda Y. Liou

© Yolanda Y. Liou

© Yolanda Y. Liou© Yolanda Y. Liou

© Yolanda Y. Liou© Yolanda Y. Liou

© Yolanda Y. Liou

Explorez
Just My Luck : à qui la chance ?
Screenshot montrant les boules 41 et 42 coincées - Just My Luck. © Cécile Hupin et Katherine Longly
Just My Luck : à qui la chance ?
L’Institut pour la photographie de Lille présente une troisième exposition hors les murs dans les espaces de convivialité du Théâtre du...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Arielle Bobb-Willis célèbre la vie
© Arielle Bobb-Willis
Arielle Bobb-Willis célèbre la vie
Issue du mouvement de l’avant-garde noire contemporaine que nous présentons dans notre dernier numéro, Arielle Bobb-Willis capture le...
28 mars 2025   •  
Écrit par Cassandre Thomas
Algorithmes 
sous influence
© Lena Simonne, backstage du show Étam 2024 à Paris.
Algorithmes 
sous influence
Autrefois dominé par les magazines et les photographes, le secteur de la mode s’est transformé sous l’impulsion...
27 mars 2025   •  
Écrit par Anaïs Viand
Focus : capitalisation du corps, tourisme strassé et indépendance
Unprofessional © Matilde Ses Rasmussen
Focus : capitalisation du corps, tourisme strassé et indépendance
Créé par les équipes de Fisheye, Focus est un format vidéo innovant
qui permet de découvrir une série photo en étant guidé·e par la...
26 mars 2025   •  
Écrit par Lou Tsatsas
Nos derniers articles
Voir tous les articles
Just My Luck : à qui la chance ?
Screenshot montrant les boules 41 et 42 coincées - Just My Luck. © Cécile Hupin et Katherine Longly
Just My Luck : à qui la chance ?
L’Institut pour la photographie de Lille présente une troisième exposition hors les murs dans les espaces de convivialité du Théâtre du...
Il y a 3 heures   •  
Écrit par Marie Baranger
Comédie, étrangeté et légèreté : 18 séries photographiques pour sourire
De la série Extrem Tourism, 2011 © Thomas Mailaender
Comédie, étrangeté et légèreté : 18 séries photographiques pour sourire
Canulars, farces et attrapes et étrangetés rythment chaque année cette première journée d’avril. Pour célébrer le poisson d’avril, la...
01 avril 2025   •  
Écrit par Fisheye Magazine
La sélection Instagram #500 : une bonne blague
© Théophile Baye / Instagram
La sélection Instagram #500 : une bonne blague
Aujourd’hui, attention à votre dos. Celui-ci pourrait être rempli de petits poissons et autres farces si typiques de ce premier jour...
01 avril 2025   •  
Écrit par Marie Baranger
Dans l’œil de Kourtney Roy : une atmosphère parfaite pour une séance photo
© Kourtney Roy
Dans l’œil de Kourtney Roy : une atmosphère parfaite pour une séance photo
Cette semaine, nous vous plongeons dans l’œil de Kourtney Roy, lauréate, en duo avec le compositeur Mathias Delplanque, de la 6e édition...
31 mars 2025   •  
Écrit par Apolline Coëffet